Canet craque
PAR GUILLAUME CANET, COMÉDIE FRANÇAISE, AVEC GUILLAUME CANET, MARION COTILLARD, CAMILLE ROWE, GILLES LELLOUCHE, JOHNNY HALLYDAY (2H03).
Grosse fatigue chez Guillaume Canet (photo). Sur le tournage de son nouveau film en tant que comédien, un drame naturaliste sur un pasteur du nord de la France, la journaliste d’un magazine féminin lui fait remarquer qu’il n’est plus dans le coup. Sa partenaire de jeu, le mannequin Camille Rowe, confirme : Pierre Niney et Gaspard Ulliel l’ont depuis longtemps supplanté dans la liste des acteurs « avec qui on a envie de niquer ». Chez lui, entre son fils et sa compagne oscarisée, Marion Cotillard, qui ne lui parle désormais qu’en québécois, et avec l’accent, en préparation de son rôle dans le prochain Xavier Dolan, son quotidien n’a rien de très rock’n’roll. Pour couronner le tout, une douleur au testicule le fait souffrir. A 43 ans, Guillaume Canet s’apprête à partir en c… Vous l’aurez compris, chaque acteur dans « Rock’n’Roll » joue son propre rôle, ni tout à fait lui-même ni tout à fait un autre, ainsi ne sait-on jamais vraiment ce qui s’inspire de la réalité et ce qui tient du pur fantasme.
Sur le papier, il y avait tout à craindre de cette autofiction satirique par l’auteur des « Petits Mouchoirs ». C’était oublier que Guillaume Canet n’est jamais meilleur que devant la caméra et dans l’autodérision – sa première réalisation, « Mon idole », le prouvait déjà. Son rapport conflictuel à la célébrité et à son image de gendre idéal ainsi que son goût d’acteur gentiment maso pour les moments de gêne et les situations embarrassantes assurent les meilleures scènes de « Rock’n’Roll ». Comme lorsque, à la suite d’un malaise cocaïnoéthylique en boîte de nuit, il supplie les clients, la bave aux lèvres et le tee-shirt moucheté de vomi, d’arrêter de le mitrailler avec leurs smartphones, ou lorsqu’il rentre bredouille de la cérémonie des César, obligeant Marion Cotillard à masquer sa joie et à sortir son trophée en cachette pour l’ajouter aux trois autres qui soutiennent la table basse du salon. Mais l’ego trip tournerait vite en rond s’il ne parlait de la crise de la quarantaine chez cet animal puéril et narcissique qu’est l’acteur. Moins destroy que bon enfant, à l’image de l’apparition très drôle de Johnny Hallyday en parrain du rock assigné à résidence par Laeticia, la comédie est souvent amusante, parfois décapante, trop longue aussi. Canet tire à la ligne et assimile mal ses vraies audaces. Ainsi, dans la dernière demi-heure, survient une idée monstre, digne d’un film des frères Farrelly (c’est un compliment), qui fait basculer le récit. Vers quoi ? Difficile à dire tant le réalisateur semble ne plus trop savoir ce qu’il raconte. Le personnage Canet n’en est que plus intrigant.