PAR DORIS DÖRRIE
Comédie dramatique allemande, avec Rosalie Thomass et Kaori Momoi (1h44).
Sur le papier et sous ce titre, on craignait le pire. Doris Dörrie n’est pas Resnais, et la rencontre des contraires sur fond d’apocalypse est un sujet à haut risque. Après un drame personnel, Marie (Rosalie Thomass), une belle Allemande blonde, part pour le Japon en compagnie d’un magicien afin de rendre le sourire aux rescapés hébétés de la catastrophe de Fukushima. Très vite, elle mesure ce qu’il y a de dérisoire et même d’inconvenant à s’habiller en clown et à enseigner le hula hoop à des gens qui ont tout perdu. Elle abandonne alors sa mission humanitaire et accompagne en zone contaminée une geisha – la dernière de Fukushima – dans sa maison dévastée afin de l’aider à la restaurer. C’est là que Satomi (Kaori Momoi) va apprendre à Marie l’art de vivre à la japonaise (comment boire le thé, taire sa souffrance ou chasser les fantômes) et, mieux encore, l’art de survivre aux tragédies. Tout ce que le scénario pouvait avoir de manichéen et de sentencieux disparaît grâce à l’interprétation sensible des deux comédiennes et grâce à la pudeur, la délicatesse d’un noir et blanc intemporel. Doris Dörrie, prolifique réalisatrice allemande, mais peu connue en France, signe ainsi une fable sur la réconciliation et la résilience beaucoup plus extrêmeorientale qu’occidentale.