L'Obs

Il est Villain

WILLIAM Z VILLAIN, PAR WILLIAM Z VILLAIN (NORMANDEEP BLUES RECORDS).

- GRÉGOIRE LEMÉNAGER

La sensation folk-blues bizarre de ce début d’année porte un costume bleu nuit à fines rayures, une superbe guitare à résonateur sur laquelle on a greffé huit cordes et un nom de superhéros un peu maléfique. William Z Villain est un garçon de 26 ans qui, paraît-il, cultive des légumes bio dans le Wisconsin et aime beaucoup les chats. C’est surtout un apprenti sorcier qui, pendant que des grillons grésillent dans un coin, touille ses mixtures en faisant souffler l’esprit punkw des Violent Femmes sur des rêveries afro-cubaines délicateme­nt déglinguée­s, des rythmiques reggae sèchement assénées, des ritournell­es orientalis­antes issues du rébétiko grec. Ajoutez à cela qu’il sait chanter comme on miaule, à la fois lascif et grinçant, tantôt sur une note grave, tantôt d’une voix de tête qui se faufile dans les aigus sans jamais se perdre, et vous n’êtes pas loin du choc éprouvé à l’époque du chamanique « Cripple Crow » de Devendra Banhart. Le morceau phare du disque, « Anybody Gonna Move », est à lui seul un tapis volant qui décolle au quart de tour. Rien d’étonnant à ce que cette fumerie d’opium meublée d’hallucinat­ions sonores figure au catalogue de Normandeep Blues, excellent label auquel on doit déjà la découverte du rugueux Suédois Bror Gunnar Jansson, lui aussi expert pour tailler des costumes à d’inquiétant­es étrangetés.

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