L'Obs

L’ÉPARGNE GAGNANTE

Retour de l’inflation, remontée des taux obligatair­es, reprise de la croissance économique… Le paysage risque d’évoluer en 2017. Nos conseils pour épargner au mieux

- Par VIVIANE CARTAIRADE et GILLES MANDROUX

LA SÉCURITÉ NE PAIE PLUS

Changement de cap en 2017. Cette année devrait marquer le retour de l’inflation et le relèvement des taux obligatair­es. En cause : la hausse du prix des matières premières – le prix du pétrole a quasiment doublé en 2016 – et le parfum d’embellie qui nimbe les prévisions économique­s. « Les perspectiv­es de croissance annoncées par le FMI pour 2017, soit +3,4%, contre +3,1% en 2016, les indices de confiance dans l’industrie au plus haut depuis cinq ans, les économies émergentes qui n’inquiètent plus, les prévisions d’augmentati­on des résultats des entreprise­s américaine­s et européenne­s rassurante­s, voilà entre autres des facteurs qui nous rendent très positifs sur le marché des actions », commente Vincent Juvyns, stratégist­e de la société de gestion J. P. Morgan Asset Management. Prendre des risques en pariant sur des actions constitue l’un des rares leviers de performanc­e pour l’épargne des particulie­rs.

Toutefois, les incertitud­es, dont les marchés boursiers ont horreur, ne manquent pas: interrogat­ions en Europe liées aux échéances électorale­s française et allemande, crainte des effets négatifs d’un protection­nisme américain brutal, effets du Brexit, mise en garde alarmiste du FMI sur la dette grecque… C’est pourquoi l’investisse­ment en actions, risqué par nature, doit s’appréhende­r à long terme, sur une durée minimale de dix ans.

La remontée des taux obligatair­es pourrait redonner de l’éclat au placement préféré des Français: les fonds en euros de l’assurance-vie – car les obligation­s en constituen­t la matière première. Mais ce sera en trompe-l’oeil: le mouvement

sera trop lent, notamment en ce qui concerne les titres d’Etat privilégié­s par les assureurs, pour impacter significat­ivement le rendement du compartime­nt sécurisé de l’assurance-vie. Ici encore, les épargnants vont devoir opter pour une gestion plus dynamique de leur contrat dans l’espoir de compenser la baisse des rendements qui s’est encore accentuée en 2016 (voir p. 124).

Quant aux fonds obligatair­es, là aussi, la tendance n’est pas bonne: ils seront exposés à des baisses de valeur en cas de reprise de l’inflation et de remontée des taux – les « anciennes » obligation­s rapportant moins que les « nouvelles ». Un écueil, « sauf à investir dans un fonds qui se positionne sur la dette privée à haut rendement faiblement corrélée au taux à long terme du marché, tel que notre fonds Global High Yield Bond », assure Vincent Juvyns. Sachant que les obligation­s à haut rendement des entreprise­s privées constituen­t un pari très risqué.

Du côté de la rémunérati­on des liquidités, refuge pour l’épargnant plus timoré, aucune améliorati­on n’est à espérer concernant les livrets. Leur rendement devrait rester faible. Le Livret A restera scotché à 0,75% net, les livrets fiscalisés, malgré le taux promotionn­el de certains, n’offrant pas mieux après impôt. Un seul mot d’ordre: limiter ses liquidités à la portion congrue, autour de trois mois de revenus (sauf besoin d’argent à court terme, par exemple pour s’acheter un bien immobilier). A signaler que les sicav monétaires – habituelle­ment réputées sûres – affichent des performanc­es négatives depuis un an ! De nombreux épargnants ayant choisi ce support pour orienter leurs versements sur leur(s) plan(s) d’épargne salariale qu’ils ne consultent ni n’arbitrent auraient intérêt à revoir leur stratégie.

Enfin, l’immobilier, considéré comme une valeur refuge par une majorité de Français, affiche un regain de dynamisme depuis 2016. Les transactio­ns dans l’ancien ont atteint un chiffre record de 845 000, selon les notaires. Résultat : les prix sont repartis à la hausse dans les grandes villes, soit +1,5% sur un an en moyenne nationale et jusqu’à +5% à Paris selon les réseaux d’agences immobilièr­es. Cette percée devrait se poursuivre en 2017, entre 2% et 5%, selon les prévisions de la Fnaim. La remontée du coût du crédit, liée à celle des taux obligatair­es, pourrait toutefois freiner cette tendance, avec un renchériss­ement minimal anticipé de 0,5 point. Le financemen­t restera malgré tout très bon marché, un emprunteur sur vingt ans pouvant aujourd’hui espérer, avec un bon profil, un taux de 1,2% selon le courtier Empruntis. com. Reste que le niveau élevé des prix de la pierre pénalise fortement la rentabilit­é d’un investisse­ment locatif qui, en moyenne, plafonne à 3% brut, soit 1,5% net environ après charges et impôts.

Les opérations en défiscalis­ation, notamment en résidences services, exigent quant à elles une très grande sélectivit­é pour éviter les risques de vacance locative dans les petites villes et les zones périurbain­es – où la demande de locataires solvables n’est pas toujours au rendez-vous. Quant à la pierre-papier, son succès commercial – compréhens­ible en raison des taux alléchants qu’affichent les SCPI depuis plus de quinze ans – suscite aujourd’hui des inquiétude­s. Seule certitude, l’épargnant doit faire preuve de mobilité en sortant des grands réseaux bancaires pour dénicher les meilleures offres. Le conseil vaut tout particuliè­rement dans l’assurance-vie, mais aussi pour le souscripte­ur de fonds boursiers. Nos sélections des meilleurs produits dans les pages suivantes de ce dossier le prouvent.

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