TÉMOIN DU FN ORDINAIRE
A quoi ressemblerait la vie si le Front national dirigeait la France? Marine Tondelier, jeune écologiste native d’HéninBeaumont et conseillère municipale d’opposition face à Steeve Briois, raconte, dans « Nouvelles du Front », à paraître le 1er mars aux Editions Les Liens qui libèrent, ce qui se passe dans l’arrièreboutique de la villevitrine du FN. « La délation, écrit-elle, est devenue monnaie courante. Le journal municipal fustige publiquement ceux qui ne vont pas dans le sens du pouvoir, ce qui sert d’avertissement à ceux auxquels pourrait venir l’idée folle de les imiter. Les responsables associatifs doivent coopérer et être discrets sur leurs états d’âme ou en subir les conséquences. Les employés municipaux sont mis au pas. » C’est au coeur de la mairie que Marine Tondelier a recueilli les témoignages les plus stupéfiants. Humiliations, flicage, emprise sur les opinions… Les élus FN proposent aux employés de faire ami-ami sur les réseaux sociaux. « Très vite, raconte une ancienne employée à la direction de l’aménagement, la nouvelle municipalité a identifié les personnes qui n’avaient pas les mêmes opinions qu’eux. » Au début, cette urbaniste s’était vu confier des responsabilités. « Ils m’avaient dit : “Il y a les chevaux de course et l’abattoir. Vous êtes les chevaux de course, les autres sont l’abattoir.” Puis le vent a tourné. Des chevaux de course, je suis passée à l’abattoir. » Entre les murs de la mairie, les « mouchards » à la solde de l’équipe municipale sont redoutés, la paranoïa augmente avec l’installation, voilà un an, de caméras de surveillance. Lucide, Marine Tondelier reconnaît les victoires engrangées par Steeve Briois, « financières. Communicationnelles. Sociales, même ». « Que la majeure partie de la population soit contente fait partie du plan, conclut-elle. J’ai l’impression qu’ici le piège s’est déjà refermé. Et qu’il sera très difficile d’en sortir. »