Racine carré
TITUS N’AIMAIT PAS BÉRÉNICE, PAR NATHALIE AZOULAI, FOLIO, 304 P., 7,70 EUROS.
Roman malin : Nathalie Azoulai (photo) fait parler une femme qui vient de se faire quitter par son amant, et qui se plonge dans l’oeuvre de Racine. On se dit qu’e ectivement la lecture de Racine est tout indiquée quand on se fait piétiner sentimentalement. Bérénice, la narratrice, « tente de résumer les intrigues de ses pièces : Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie. Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector. Néron aime Junie qui aime Britannicus ». Puis la narratrice essaie de comprendre pourquoi Racine a si bien compris la cruauté des passions amoureuses. Elle raconte donc la vie du dramaturge, en le nommant Jean, comme pour le rapprocher de nous et aller à la racine de Racine. Elle le fait dans une langue un peu abstraite, un peu durassienne, qui par sa froideur et sa solennité a une allure néoclassique. Malgré ces jeux de miroir ra nés et une écriture pleine de trouvailles, il y a un problème : la bio de Racine, qui occupe la quasi-totalité du livre, est plate. Et il est dommage d’aplatir la vie d’un maître du rebondissement.