L'Obs

Liberté, je chante ton nom

FREEDOM HIGHWAY, PAR RHIANNON GIDDENS (NONESUCH/WAR). EN CONCERT À PARIS, AU DUC DES LOMBARDS, LE 23 MARS.

- GRÉGOIRE LEMÉNAGER

Après son triomphe lors d’un concert organisé par les frères Coen pour la sortie d’« Inside Llewyn Davis », Rhiannon Giddens (photo) avait mis en boîte un premier album solo. Il s’intitulait « Tomorrow Is My Turn ». C’était prophétiqu­e. Deux ans plus tard, la chanteuse des Carolina Chocolate Drops refait surface avec son banjo entêtant et son groove parfaiteme­nt goupillé. Avec sa voix, surtout, décidément capable de tout chanter sans jamais rien forcer : le country-blues sudiste (le sien, sur « Julie », poignant de minimalism­e, comme celui de Mississipp­i John Hurt qu’elle féminise sur « The Angels Laid Him Away ») ; les hymnes de la lutte pour les droits civiques (« Birmingham Sunday », « Freedom Highway ») ; une soul cuivrée comme un tube d’Aretha Franklin, où vient se poser un flow nerveux de rappeur (« Better Get It Right the First Time »). Rhiannon Giddens, c’est Joan Baez, le vibrato en moins. Une nièce de Mavis Staples qui serait apparentée à Joni Mitchell. Le disque n’a pas été enregistré par hasard dans le bayou en Louisiane : son folk protéiform­e oscille entre la douce gaieté de « Hey Bébé » et la puissance déterminée de « At the Purchaser’s Option », qui frémit en apesanteur comme le « Scarlet Town » de Dylan. Toute l’histoire métissée de l’Amérique coule ici. Et elle n’a rien à voir avec celle de M. Trump.

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