Pourquoi lui ? Cédric Saint André Perrin, plume design
Plume fine de la mode et du design, cet arbitre des élégances est le curateur de l’exposition “AD Collections : 1937-2017, arts décoratifs d’hier et d’aujourd’hui” au Musée d’Art moderne
QUI EST IL ?
Le chemin de Cédric Saint André Perrin est pavé de bonnes intentions… et de bonnes intuitions. L’homme qui se rêvait styliste a finalement mis du style dans les articles qu’il écrit pour décrypter les tendances de l’époque, mais aussi dans les directions artistiques dont il a la charge. Son sourire à fossettes a squatté les podiums durant dix ans pour « Libé », avec son acolyte de choc Paquita Paquin, à l’aube des années 2000, rendant compte des défilés et des dramas de la hype, des coupes qui tuent et des détails qui sauvent, avec une liberté de ton rafraîchissante, loin des considérations publicitaires qui entravent aujourd’hui les critiques journalistiques dans le luxe. Directeur de création au magazine « AD », il a troqué la casquette mode pour celle de la décoration, pénétrant dans les plus beaux intérieurs, du duplex d’architectes éclairés aux appartements de collectionneurs fortunés.
D’OÙ VIENT IL ?
Il a grandi dans les beaux quartiers (de Neuilly), père dans la banque, mère au foyer, au sein d’« une famille bourgeoise très ouverte, baignée de culture ». Fasciné par la vitalité de la mode, époque Lacroix, Saint Laurent et Thierry Mugler au firmament, ce sera d’abord des études de stylisme au Studio Berçot, puis un boulot d’assistant chez Tomas Maier et Christophe Lemaire. Il est devenu journaliste « en sortant », ouvrant les écoutilles, sni ant l’air du temps. Au fil de ses pérégrinations, il ne sera finalement jamais créateur, « mais un passeur qui a plaisir à faire partager le goût de ce qu’il aime ». Pour « Depeche Mode », « Madame Figaro » ou « Purple » et aussi à la télévision dans la quotidienne « Chic » sur Paris Première. A l’heure où le design s’est démocratisé, nouvelle discipline glam du lifestyle, il fait une rencontre déterminante : Marie Kalt, rédactrice en chef du magazine « AD », la « Anna Wintour de la déco » avec qui il collabore aujourd’hui avec fierté.
QUE FAIT IL ?
Afin de présenter au public les mises en scène et pièces à vivre d’une quinzaine des meilleurs décorateurs et architectes du moment, cet esthète du bon goût présente chaque année les expositions « AD Intérieurs » et « AD Collections ». La prochaine aura lieu du 24 mars au 2 avril au Musée d’Art moderne de Paris sur l’art décoratif de 1937 à 2017, pont entre deux siècles de créations marquant le renouveau d’une forme de modernisme précieux, avec des oeuvres historiques d’André Arbus, Pierre Chareau ou Jean Dunand qui répondront à des pièces contemporaines signées de la crème des designers et décorateurs actuels (Joseph Dirand, India Mahdavi, Hervé Van der Straeten…). Le rendez-vous incontournable du mobilier d’exception.