BUSINESS La justice s’intéresse à Airbus
Airbus a-t-il investi dans une mine d’or au Mali afin de se constituer une caisse noire? C’est le grave soupçon jeté par deux actionnaires de cette mine d’or, qui viennent d’assigner le groupe d’aéronautique devant le tribunal de commerce de Toulouse. L’affaire, qui avait d’abord été soulevée par Mediapart l’an passé, paraît pour le moins baroque. En 2012, un homme d’affaires malien, Aliou Boubacar Diallo, cherche des fonds pour débuter l’exploitation d’une mine au sud-est de Bamako. Il aurait convaincu Airbus d’investir plusieurs dizaines de millions d’euros. C’est en tout cas ce qu’affirment les plaignants, l’Iranien Michael Reza Pacha et la société de droit luxembourgeois Africain Gold Partners. Ces derniers ont eux aussi mis de leur poche respectivement 4,3 millions et 6,4 millions d’euros. Le chantier est inauguré en grande pompe le 25 février 2012 en présence du président malien, Amani Toumani. Mais la mine ne démarrera jamais. Les actionnaires, qui ont tout perdu, demandent aujourd’hui un dédommagement à Airbus à hauteur des sommes déboursées. « La présence d’Airbus crédibilisait l’opération aux yeux de mes clients », justifie l’avocate des plaignants, Estelle Ciussi. Pourquoi Airbus est-il allé se fourvoyer dans un projet minier, bien loin de son métier d’origine ? Le groupe n’a pas répondu à nos appels. Dans leur assignation, que « l’Obs » a pu consulter, les plaignants
accusent Airbus d’avoir cherché à se constituer « une réserve de fonds particulière au travers d’un investissement de façade dans une opération de mine d’or ». Une audience est prévue le 30 mars. Mais, selon nos informations, la justice suisse s’intéresse aussi à ce dossier depuis que Michael Reza Pacha, l’un des actionnaires, lui a livré un témoignage détaillé des dessous de l’opération…