Otis Taylor is rich
FANTASIZING ABOUT BEING BLACK, PAR OTIS TAYLOR (IN-AKUSTIK).
Sur « Respect the Dead », en 2002, il chantait pour les « Ten Million Slaves » à qui on a fait traverser l’Océan à fond de cale. Quinze ans plus tard, Otis Taylor n’a pas changé : cet ancien antiquaire barbu, né à Chicago en 1948, astique toujours le même blues obsessionnel, hanté, hypnotique, à base de guitares et de banjos qui ressassent douloureusement la fureur de vivre et l’ambivalent « fantasme d’être noir » (« Je voudrais être noir », comme disait Nino Ferrer). Parfois, une trompette lointaine illumine une rythmique à la Richie Havens (« Walk on Water »), ou un son distordu vient salement électriser « Hands on Your Stomach », cette ritournelle mystique qui figurait déjà sur un précédent disque. Mais la grande richesse d’Otis Taylor, c’est qu’un rien lui suffit pour imposer sa voix : celle d’un fauve blessé qui n’aurait plus la force de rugir. Même quand c’est pour articuler des choses aussi convenues, irréalistes et universelles que « Just Want to Live with You Baby ».