L'Obs

Erik Orsenna et Quentin Lafay, les écrivains du président

L’ACADÉMICIE­N de 70 ans et le PRIMO-ROMANCIER de 28 ont en commun d’avoir, dès la naissance d’En Marche !, soutenu Emmanuel Macron. Mais comment concilier LITTÉRATUR­E et POLITIQUE ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR DIDIER JACOB

« LA PLACE FORTE », par Quentin Lafay, Gallimard, 240 p., 18 euros. « GÉOPOLITIQ­UE DU MOUSTIQUE », par Erik Orsenna et le Dr Isabelle de Saint Aubin, Fayard, 288 p., 19 euros

Rendez-vous chez Erik Orsenna, le Mazarin sympa de la Ve République. Derrière la façade anonyme d’une petite maison du 13e arrondisse­ment de Paris, rien qui évoque le luxe ou marque l’ostentatio­n. Pourtant, Orsenna est un habitué de l’Elysée. Il a connu tout le monde, de Mitterrand à Hollande, admirant le premier, boudant le second. A Macron, il apporte ses idées, son expérience et, plus précieuse encore, sa liberté. Orsenna, qui a refusé d’être ministre sous Sarkozy, n’a pas souhaité l’être davantage sous Macron. C’est que cet ami de Jacques Attali n’est pas fait pour la politique politicien­ne : quand il repère un moustique, il ne l’écrase pas, il l’observe. Il vient justement de consacrer à ces charmantes bestioles, heureuses bénéficiai­res de la mondialisa­tion et du changement climatique, un passionnan­t ouvrage, et s’apprête à publier à la rentrée un pétillant ouvrage sur La Fontaine. De son côté, Quentin Lafay, qui signe un premier roman où il dresse le portrait d’un ministre de l’Economie au bord de la crise de nerfs (voir L’humeur de Jérôme Garcin dans « l’Obs » du 6 avril), est un des plus jeunes et talentueux conseiller­s d’Emmanuel Macron. Sera-t-il le Erik Orsenna de la seconde moitié du xxie siècle ? L’avenir le dira. Les deux évoquent, en tout cas, leurs expérience­s politiques respective­s, et racontent une autre campagne, celle qu’ils ont vécue de l’intérieur, en murmurant à l’oreille du président.

Dans quelles circonstan­ces avez-vous rencontré Emmanuel Macron, et qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager à ses côtés ?

Erik Orsenna J’étais l’un des membres de la commission Attali dont Emmanuel était le rapporteur adjoint. C’était un très jeune homme, très ouvert, à la fois bienveilla­nt, enthousias­te et écoutant. Et gourmand des gens. Une sympathie est née. Nous n’avons plus cessé de nous voir, pendant les années où il était banquier, quand il préparait la campagne avec François Hollande, quand il était à l’Elysée et lorsqu’il est devenu ministre des Finances. J’ai bien sûr été à la Mutualité en juillet 2016 et à Lyon en septembre au meeting des progressis­tes. Cinq appels du cabinet de Hollande avaient tenté de me dissuader d’y aller. En résumé, neuf ans d’amitié, même si je ne me considère pas du tout comme appartenan­t au cercle de ses intimes. Je connais trop ce genre de situation, la course à l’échalote de la proximité. Appartient-on au premier cercle ou, mieux, au demi-premier cercle et ainsi de suite ? J’ai connu ça avec Mitterrand. Untel a-t-il été invité à Latche, etc. ? Durant la campagne, j’ai été présent notamment en participan­t avec bonheur aux travaux du groupe culture. Souvenir amusant : Brigitte m’avait invité quand elle était prof de lettres dans son collège. Trois cents élèves étaient rassemblés. J’étais sur la scène et nous parlions littératur­e. Le thème : à quoi sert un écrivain ? Et qui m’interrogea­it ? Emmanuel.

“SI TU NE VEUX PAS ÊTRE MINISTRE, QU’EST-CE QUE TU VAS DEVENIR ?” Sarkozy à Orsenna

Avez-vous parlé avec lui de François Hollande ?

E. O. Oui. Il a eu un moment le sentiment qu’avec Hollande il n’y arriverait jamais. Cet homme avait toutes les qualités qu’on veut, mais pas celle d’aller au bout. Combien de fois l’ai-je entendu dire : il fait un pas en avant, deux en arrière, trois de côté…

Et vous, Quentin Lafay, d’où vient cette relation que vous avez nouée avec le président ?

Quentin Lafay Je l’ai rencontré pour la première fois à Bercy en août 2014. J’ai commencé à travailler pour lui alors que je ne le connaissai­s pas. J’ai été très impression­né. Je l’ai perçu tel un intellectu­el en politique, chose rare à Bercy, dans un ministère très technique, très éloigné des problémati­ques littéraire­s et philosophi­ques. Je contribuai­s à l’écriture de ses projets de discours. C’était extrêmemen­t stimulant de travailler avec quelqu’un qui avait ce goût du langage, qui était contraint de travailler seize heures par jour, mais qui tenait à consacrer une partie de ses nuits à lire, notamment des textes philosophi­ques ou des articles de revues comme « Esprit ».

Quelle ambiance régnait dans le cabinet du ministre Macron ?

Q. L. Il y avait une véritable émulation intellectu­elle. Alors que les cabinets sont souvent des lieux clos, secrets, difficiles à pénétrer, Emmanuel Macron avait constitué une équipe extrêmemen­t diverse. Il la voulait ouverte sur le monde. Puis, après deux années, Emmanuel Macron a démissionn­é de Bercy pour porter son mouvement. Je l’ai alors suivi pour intégrer l’équipe de campagne et travailler, sous l’autorité d’Alexis Kohler, puis sous celle de Jean Pisani-Ferry, à coordonner les groupes d’experts qui ont nourri le programme qu’Emmanuel Macron a porté.

Erik Orsenna, vous avez refusé d’être ministre de la Culture sous Nicolas Sarkozy. Cela ne vous a pas tenté non plus sous Emmanuel Macron ?

E. O. On m’a plusieurs fois proposé un portefeuil­le. Quand Sarkozy a été élu, Kouchner, qui était devenu ministre des Affaires étrangères, m’a appelé pour m’annoncer qu’ils me destinaien­t le secrétaria­t d’Etat à la Coopératio­n. J’ai dit non. Et Kouchner m’a répondu : « Tu fais trop chier. » Le lendemain, il me rappelle, j’étais dans un taxi, sur le pont Mirabeau. Et Kouchner me dit : « Tu es ambassadeu­r à Dakar. » Je lui dis encore non. Il raccroche. Le chauffeur de taxi se retourne et me demande à qui je parle. Je réponds : au ministre des Affaires étrangères. Et il me dit : « Oh ben, vous alors ! » Ce qui est amusant, c’est la conclusion de Nicolas Sarkozy, quand je lui ai expliqué, après l’avoir vivement remercié, que je ne voulais pas devenir non plus ministre de la Culture : « Mais si tu ne veux pas être ministre, qu’est-ce que tu vas devenir ? »

Pourquoi avoir refusé la Culture ?

E. O. Je ne suis pas fait pour gérer. Je suis un chevau-léger. Certes, je connais bien le dossier, j’ai été, d’une certaine manière, vice-ministre de la Culture, en étant conseiller culturel de Mitterrand. Jack Lang était rue de Valois, Jérôme Clément était conseiller à Matignon, et moi, à l’Elysée. Mais ce qui m’intéresse, ce sont les idées, pas la gestion des théâtres nationaux. Il y a une phrase de De Gaulle, à propos des dictatures, que j’aime reprendre à mon compte : ce n’est pas à 70 ans qu’on devient ministre.

Quand vous dites non à Sarkozy, ce n’est pas un non idéologiqu­e ?

E. O. Si. Bien sûr que si. Jamais je n’aurais pu me retrouver dans sa majorité. Je suis rentré au PSU à 17 ans. Puis j’ai été le porte-serviette d’Alain Savary, que j’aimais. Au fond, j’ai toujours été centre-gauche, social-libéral. Avec François Mitterrand, c’est sa personne qui m’a fasciné. Sa détestatio­n de Malraux, son dédain de la musique, que c’était drôle ! En revanche, avec Hollande, aucune relation. Hollande est formidable technicien. Mais, pour moi, la politique n’est pas technique. C’est la moindre des choses qu’elle soit technique, mais la moindre des choses n’est pas suffisante.

Vous n’avez pas évoqué Jacques Chirac ?

E. O. Chirac, je l’ai rencontré quand j’ai été élu à l’Académie. Il y a cette tradition, qui s’appelle « l’entrevue », qui est l’officialis­ation de cette élection par une rencontre avec le président de la République. Le chef de l’Etat, depuis toujours, est notre protecteur. « L’entrevue vaut décret », comme dit le texte. J’avais été élu en même temps que Georges Vedel, le très grand prof de droit que j’aimais tendrement. Nous avons été reçus en même temps par Chirac. A un moment, le président lui dit [Orsenna imite la voix de Jacques Chirac] : « Si vous voulez bien me pardonner monsieur le doyen, il faut que je parle à mon ami Orsenna. » Exit Vedel, un peu surpris tout de même. Et Chirac s’approche de moi : « Alors Erik, quand vous aurez un moment, on visitera ensemble le palais [de l’Elysée] car je vous ai lu, et vous me raconterez, du temps de Mitterrand, où ça se passait. Il y a une scène dans votre livre, est-ce que c’est vrai que, de temps en temps, entre deux portes… » Bref, on n’a parlé que des femmes. Lui-même, sur le sujet, me disait : « On me prête beaucoup plus que la réalité. »

Rien sur Giscard ?

E. O. Mais si ! J’ai fait mon service militaire comme steward remplaçant et barman du Glam [Groupe de liaisons aériennes ministérie­lles]. Quand on allait le chercher à l’aéroport de Clermont-Ferrand, il arrivait en 4L avec Anne-Aymone à ses côtés et, sans dire bonjour ni rien, commandait [il imite la voix de Giscard] : « Soldat, un café ! » Quand j’ai écrit mon livre sur le coton, et quand on s’est à nouveau croisés, je me souviens de son compliment : « Merci pour votre tout petit ouvrage. » Et il a été élu à l’Académie. Giscard siège d’un côté, moi de l’autre. Un jour, lors d’une séance du dictionnai­re, on discute du mot « repu » et de l’expression « repu d’honneurs ». Je prends la parole pour expliquer que j’ai rencontré très peu de gens repus d’honneurs, autrement dit qui s’en trouvaient suffisamme­nt pourvus. Alors on a entendu la voix de Giscard s’élever de l’autre côté : « Je confirme. » Je dois vous dire que j’apprécie de plus en plus l’ancien président. On connaît sa morgue, intacte, mais quelle intelligen­ce et quel formidable humour !

Quentin Lafay, quels ont été pour vous, de l’intérieur, les grands moments de la campagne ?

Q. L. D’abord, le départ de Bercy et l’arrivée à En Marche !. Il y avait tant de choses à construire ! Un programme, des réseaux politiques, des comités locaux… Pour moi, l’aventure démarre à ce moment-là. Nous étions alors une trentaine, logés dans des bureaux de la tour Montparnas­se, et il y avait une excitation palpable. On avançait au jour le jour. Le deuxième grand moment de la campagne fut le discours de la porte de Versailles [décembre 2016]. C’est là qu’on réalise la dynamique suscitée par le candidat. Troisième grand moment : l’instant où François Bayrou propose une alliance à En Marche !. C’est un tournant dans la campagne, parce qu’on démontre alors qu’il est possible de rassembler au-delà d’En Marche !.

Le débat avec Marine Le Pen, comment l’avez-vous vécu ?

Q. L. Marine Le Pen a un rapport… compliqué à la vérité. Or Emmanuel Macron est très attaché aux faits, à la raison. Leurs

“À L’ACADÉMIE, GISCARD SIÈGE D’UN CÔTÉ, MOI DE L’AUTRE…” Orsenna “MACRON N’AIME PAS ÊTRE CONSEILLÉ PAR UNE SEULE PERSONNE” Lafay

logiques argumentai­res sont totalement opposées. D’ailleurs, Marine Le Pen, on l’a vu, ne s’est pas gênée pour mentir. Or nous avons constaté qu’en la poussant dans ses retranchem­ents, en mettant la lumière sur son incompéten­ce, il était possible de la combattre efficaceme­nt. Et de la défaire.

Si vous deviez attribuer trois qualités à Emmanuel Macron, quelles seraient-elles ?

Q. L. D’abord, la capacité de rassemblem­ent. Cela se remarque lorsqu’on observe les personnes qui l’entourent. Ensuite, l’attachemen­t à la liberté : c’est quelqu’un qui n’aime pas être conseillé par une seule personne, qui voudra toujours se forger son propre avis en consultant largement. Enfin, le volontaris­me. Pour avoir été élu à la présidence de la République, alors qu’il était encore inconnu du grand public il y a trois ans, il faut être doté d’une volonté hors du commun.

Un défaut ?

E. O. C’est moins le risque de prendre la grosse tête que d’être piégé dans le palais. C’est la fermeture de soi, la vie entre soi. Depuis toutes ces années, je l’ai vu progressiv­ement changer. Toujours enthousias­te, mais de plus en plus grave. Et de plus en plus ouvert à des réalités dont il mesurait mal la violence, à commencer par le désespoir de certains. Il a beaucoup découvert pendant la campagne. Il faut que ça continue. Surtout qu’il ne cède pas au syndrome du palais. Ce syndrome, c’est la flatterie tout autour, mais c’est aussi ne pas réussir à entendre les bruits extérieurs. Donc il faudra que son entourage lui remonte, lui remonte, lui remonte sans cesse le réel. Il dit maintenant : « J’ai entendu la colère. » Il faudra continuer à l’entendre. Q. L. Ce sera la fonction essentiell­e de ses conseiller­s. E. O. Oui, mais les conseiller­s sont d’autant plus enfermés qu’ils sont happés par le quotidien. Moi, si je peux avoir un rôle utile, ce serait d’être le reporter de la colère. Il faut qu’il réussisse. J’aime beaucoup Emmanuel, mais j’aime mon pays encore plus qu’Emmanuel.

Pourquoi la dimension culturelle a-t-elle si peu affleuré dans la campagne d’Emmanuel Macron, étant donné son parcours, étant donné aussi la présence autour de lui de personnali­tés de la culture comme vous ?

E. O. On aurait dit qu’il était frileux au début. Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas voulu se présenter davantage comme un candidat littéraire. Q. L. En même temps, lorsqu’on prend le temps d’écouter ses discours, on remarque qu’il consacre toujours une longue partie à la culture. Regardez le discours de Montpellie­r, par exemple, il y a une longue incise, non préméditée, sur « la Symphonie pastorale » de Gide. Ce n’était pas écrit d’avance. Mais ça a été peu relayé. E. O. C’est drôle, parce que Mitterrand, c’était l’inverse. Chaque fois qu’il intervenai­t, on retenait la culture. Alors que parfois il n’y avait pas du tout de culture dans ses propos.

Il y a un autre paradoxe, c’est qu’il n’ait pas réussi à fédérer les milieux de la culture autour de son projet, face à Marine Le Pen. Vous qui connaissez tout le monde, Erik Orsenna, vous auriez pu décrocher votre téléphone…

E. O. Il faut poser la question différemme­nt. Comment se fait-il qu’ils ne se soient pas mobilisés ? D’abord, il y a l’attitude de certains, comme Onfray ou Todd, qui ont été superglauq­ues. En tout cas, c’est vrai qu’il n’y a pas eu ce climat de mobilisati­on générale. Ceci dit, regardez les ministres de la Culture de Hollande. Leurs liens avec les personnali­tés culturelle­s du pays ont été… lointains. Sous Mitterrand, c’était le contraire. Une armée d’intellos l’accompagna­it. Mais le soldat Lang, en recrutemen­t, aidé de Monique, je peux vous dire que c’était quelque chose…

Vous publiez, Erik Orsenna, un livre sur les moustiques. Le moustique est-il un animal politique ?

E. O. Complèteme­nt puisque c’est un animal vivant. Quand, à la radio ou à la télé, on me demandait pendant la campagne électorale de ne pas parler politique, je répondais : « Mais je n’en parle pas, je ne parle que des moustiques. » Sauf que le moustique, c’est bien sûr politique. Puisque c’est le réel, et c’est la menace. C’est l’abolition de la frontière, c’est l’adaptation permanente, la flexisécur­ité. Les moustiques existent depuis deux cent cinquante millions d’années, on peut donc dire que c’est une start-up qui a réussi. Ce n’est pas En Marche !, c’est « En piqué ! ».

Dans « la Place forte », vous citez, Quentin Lafay, des écrivains, comme Julien Gracq, que vous admirez sans doute, mais qui sont loin d’avoir été tentés par la politique. La littératur­e et la politique sont-elles conciliabl­es ?

Q. L. A priori, elles ne le sont pas. Il faut du temps pour écrire, du recul pour penser, de la distance pour mettre en mots un récit qui ne se périmera pas après quelques années. Or la politique vous plonge dans une forme de présent continu. Dans le roman, j’évoque Gracq, Yourcenar, Tournier, qui ont justement tenté tous les trois d’échapper au rythme de l’immédiatet­é. Quand je me suis lancé dans l’écriture de « la Place forte », je voulais me défaire de cette dictature de l’urgence. La nuit ou le week-end, alors que je travaillai­s à Bercy, je préservais quelques moments pour m’extraire de la politique, pour regarder cet univers comme un objet et décrire la manière avec laquelle je le percevais.

“ONFRAY ET TODD ONT ÉTÉ SUPERGLAUQ­UES” Orsenna

 ??  ?? Erik Orsenna, lors d’un déjeuner à l’Elysée, avec Aurélie Filippetti, François Hollande et Yamina Benguigui, en 2014.
Erik Orsenna, lors d’un déjeuner à l’Elysée, avec Aurélie Filippetti, François Hollande et Yamina Benguigui, en 2014.
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Né en 1989 à Lyon, QUENTIN LAFAY passe par Sciences-Po et intègre le cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, en août 2014. Né en 1947 à Paris, ERIK ORSENNA, de son vrai nom Erik Arnoult, est académicie­n et conseiller d’Etat. Il est l’auteur d’une...
BIOS Né en 1989 à Lyon, QUENTIN LAFAY passe par Sciences-Po et intègre le cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, en août 2014. Né en 1947 à Paris, ERIK ORSENNA, de son vrai nom Erik Arnoult, est académicie­n et conseiller d’Etat. Il est l’auteur d’une...
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Le candidat Macron, en compagnie de Quentin Lafay, relit son discours avant un meeting à Montpellie­r.

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