de Wiaz
François Bazin fut longtemps à « l’Obs », le journaliste et le chef de service qui savait pénétrer dans le cerveau de ces drôles d’animaux que sont les hommes politiques et en restituer, par la grâce d’une plume nette et ductile, la complexité. Du cortex de François Hollande il a parcouru les méandres pendant trente ans. Observateur attentif et initié de son quinquennat, il livre aujourd’hui un récit personnel des cinq années qui auraient dû le faire à nouveau président… Et qui ont fait Macron.
« Rien ne s’est passé comme prévu », en effet. N’attendez pas de ce chroniqueur un livre à sensation sur le modèle du fameux « Un président ne devrait pas dire ça… ». Bazin sait tenir le off et habiller ses révélations. Avec le goût et le souci de l’Histoire qui le caractérisent, il préfère jouer au mémorialiste. Il est question, ici, de comprendre ce qui a dérapé, cette somme de quiproquos et de rendez-vous manqués, ce « je-ne-sais-quoi » et ce « presque-rien » par lesquels un président si intelligent qui a toujours voulu se représenter a fini par renoncer piteusement à briguer sa propre succession. Tous ceux qui croient savoir que François Hollande a mis le pied à l’étrier à son improbable successeur comprendront enfin la réalité. Ce n’est qu’en mars dernier que Bazin situe l’acceptation de son sort par le président sortant. « Darwinien et farceur, François Hollande s’est ainsi résigné à ce que son assassin puisse devenir le sauveur apparent de sa réputation. » Tout est dit en une de ces phrases dont les auteurs classiques sont coutumiers…