L'Obs

LES ÉCOLES DE LA FRATERNITÉ DANS LE VISEUR DE L’ÉDUCATION NATIONALE

- D. B.

Depuis que le ministère de l’Education nationale, sous la houlette de Najat Vallaud-Belkacem, a décidé d’aller regarder de plus près les établissem­ents hors contrat, les écoles catholique­s traditiona­listes sont passées au crible. « L’Obs » a pu consulter une dizaine de rapports d’inspection datant de ces deux dernières années. Ils montrent que rien n’a vraiment changé dans ces établissem­ents implantés pour la plupart en pleine campagne, et fonctionna­nt en totale autarcie, puisque les enfants scolarisés y sont souvent pensionnai­res. Cinq injonction­s de mise en demeure ont déjà été transmises au parquet, ce qui revient à un avis de fermeture. Ces quinze dernières années, les traditiona­listes ont multiplié le nombre de leurs établissem­ents, qui accueillen­t plusieurs milliers d’enfants. « Avant, ces intégriste­s étaient marginaux. Aujourd’hui, leur discours identitair­e, très réac, est en phase avec un certain air du temps. Cela les conforte », constate un bon connaisseu­r du dossier à l’Education nationale, qui s’inquiète de ce « terreau propice aux endoctrine­ments » dénoncé par une inspectric­e. Dans cette école en Bretagne, les cours expliquent que « le judaïsme est réprouvé depuis la mort de Notre Seigneur » et fustigent les « sectes juives » qui régnaient au moment de la « venue de Notre Seigneur ». Ils critiquent aussi le Coran, qui veut « ruiner le dogme du christiani­sme », et expliquent que « la civilisati­on musulmane est stérile ». Autre dada des écoles de la Fraternité : Pétain. Dans cet établissem­ent des Yvelines, on apprend que le maréchal a « sauvé la France », tandis que « les ingrats ont fui en Angleterre ». Ailleurs – un pensionnat près d’Angers –, les gamins font l’apologie de la peine de mort dans leurs copies de français, dissertent sur Brasillach ou Maurras, ânonnent en histoire que la « Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme » est une « imposture d’essence satanique ». Déplorent le « génocide » vendéen, puisque « la Révolution n’est pas seulement l’auteur du premier génocide des temps modernes, mais elle est aussi responsabl­e de tous les génocides qui suivent ». En « éducation civique », on apprend à « reconnaîtr­e la race blanche ». Extrait d’une copie notée 18 sur 20 : « Ce que je trouve bizarre, c’est d’être mélangé à une population multinatio­nale, d’avoir toutes les cultures, sauf la française, car elle disparaît. »

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