L'Obs

Rien sur l’élection (5)

Où l’on voit des petits enfants, et des grands

- D. D. T.

Ce citoyen ghanéen, recruté comme mule par des trafiquant­s, transporta­it des sachets de drogue dans son estomac quand l’un creva, répandit son contenu, lequel au contact des sucs gastriques provoqua ce qui est appelé une overdose, dont le citoyen ghanéen mourut. L’accident est survenu dans un hôtel de Dar es Salam, en Tanzanie, la police déposa le corps du client décédé à la morgue d’un hôpital et l’enquête n’avait plus qu’à suivre son cours.

Pas de quoi en faire un plat. Seulement, deux employés de la morgue, se doutant des causes de la mort du citoyen ghanéen, et peu soucieux de laisser perdre la marchandis­e, ou de laisser le médecin légiste aller y voir à l’abri des regards, ouvrirent le cadavre et s’emparèrent des sachets intacts à l’intérieur. Quelqu’un a pu aussi bien le leur suggérer. Quoi qu’il en fût, lorsque le vol fut découvert, la drogue avait été revendue et les deux employés, qui passaient de tristes jours à la morgue, passent des jours plus tristes encore en prison. C’est bien du malheur pour que certains s’envoient en l’air en liberté.

Le malheur est partout. Chez cette dame riche, par exemple, dans son appartemen­t parisien du 16e arrondisse­ment. On sonne à la porte. Son jeune cadet va ouvrir. Maman, c’est les livreurs de pizzas. L’aîné, plus posé : on n’a pas commandé de pizzas. Les livreurs entrent alors, ils sont masqués, aspergent au lacrymogèn­e, font main basse sur la bague de la dame riche. Laquelle bague vaut 3 millions, pas 3 millions de fifrelins, 3 millions d’euros. On croirait pas que ça peut exister, mais ça existe. Il n’y a pas plus pratique quand on doit se sauver en vitesse. Ce qu’ont expériment­é les faux livreurs.

Les enfants qui ouvrent les portes. Les enfants qui ouvrent les yeux. La petite Ecossaise Ava Bell répond par écrit à un questionna­ire de son école : « Qu’est-ce que ton professeur pourrait faire mieux qu’il ne le fait ? » lui est-il demandé. Du haut de ses 11 ans elle répond que les punitions collective­s en classe, qui touchent des personnes qui n’ont rien fait de mal, sont contraires à la convention internatio­nale de Genève, datée de 1949, et qui définit les crimes de guerre. Elle commence bien, cette Ava Bell, si elle continue comme ça elle risque de devenir une dangereuse pacifiste.

On cause, on cause, la bague de 3 millions d’euros court toujours. Qui sait si cette bague, pour la dame, n’est pas un bijou parmi d’autres et qu’elle ne s’en soucie pas davantage ? Peutêtre était-ce une de ses bagues de tous les jours et que les voleurs eussent été mieux avisés de passer quand elle porte une de ses bagues du dimanche ? Charles Chan, de Hong-Kong, possède au moins un yacht, bien pratique pour s’évader d’un territoire étriqué, ah ! l’air du large. Ce qui lui manque, c’est le temps. « So many books, so little time », disait-on chez Brentano’s, l’ancien libraire américano-parisien de l’avenue de l’Opéra. Pour certains milliardai­res, c’est so many yachts. Tous les plaisirs à dispositio­n mais pour les goûter, quelle a aire ! Celui-ci dont on parle, son yacht l’attendait au large de la Norvège, où il s’était rendu sans lui. L’avion jusqu’à Oslo. D’Oslo, hélico jusqu’au yacht. Il est là, sous mes yeux, qu’il est beau, dommage que je n’ai jamais le loisir de le regarder. Heureuseme­nt que j’en ai une photo dans mon bureau (soliloque imaginé). Et une aussi sur mon smartphone (soliloque, suite). Apprêtons-nous à descendre mais voilà un coup de vent, un tapis s’envole du yacht et se prend dans les pales. L’hélicoptèr­e et ses occupants à l’eau. Des pêcheurs ont sauvé notre yachtman, lequel s’en est retourné en avion à Hong-Kong après quelques jours d’hôpital. Pas encore cette fois qu’il aura profité de son argent et il a failli y rester.

On cause, on cause, la bague de 3 millions d’euros court toujours.

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