Bonne nuit
LA NUIT MYOPE, PAR A.D.G., LA PETITE VERMILLON, 112 P., 5,90 EUROS.
A.D.G. (photo), Alain Fournier de son vrai nom (rien à voir avec celui du « Grand Meaulnes »), figure de la « Série noire », a été journaliste à « Minute » et militant FN. Il est mort en 2004. A ses obsèques vinrent les Le Pen, père et fille. Que ces turpitudes antirépublicaines lui soient pardonnées. Cette « Nuit myope », roman noir paru en 1981, sait tenir son lecteur éveillé. On suit le vagabondage nocturne et parisien d’un directeur commercial qui a cassé ses lunettes. Il quitte sa femme, insulte son patron, boit trop et fume encore plus. C’est l’histoire d’un homme qui ne voit rien de ce qui lui arrive. Il est guidé dans sa nuit mentale par un narrateur omniscient et narquois, un chien d’aveugle mal dressé qui n’hésite jamais à intervenir pour glisser une adresse au lecteur, un calembour lourdingue, une opinion hors sujet (« Dans la réalité, nous le savons, les aventuriers ne portent pas de lunettes du tout ou alors de soleil »). C’est parfois de mauvais goût, souvent de bon. Mais on avance, toujours curieux de la phrase d’après, comme un noctambule aux abois qui attend que le jour revienne.