L’Europe japonaise
TOKYO-PARIS. CHEFS-D’OEUVRE DU BRIDGESTONE MUSEUM OF ART, MUSÉE DE L’ORANGERIE, PARIS-1ER ; WWW.MUSEE-ORANGERIE.FR. JUSQU’AU 21 AOÛT.
On considère souvent les relations franco-japonaises sous le même angle, à savoir celui du japonisme, qui désigne l’influence que les arts de l'empire du SoleilLevant ont exercé, à partir de la seconde moitié du xixe siècle, sur la création française et européenne. Mais les Japonais se sont aussi intéressés, plus tardivement, à l’art européen et à l’impressionnisme. Parmi eux, un personnage assez étonnant : Shôjirô Ishibashi (1889-1976). Cet industriel, qui fit fortune dans la fabrication de pneus (Bridgestone), acheta des toiles de Monet, Pissarro, Sisley, Degas, Cézanne. C’est une partie de cette belle collection, enrichie par la suite des achats de ses fils et petits-fils, que l’on retrouve dans cette exposition à large spectre. Elle s’étend en effet jusqu’à l’art moderne et contemporain : en témoignent ici les tableaux de Klee, Mondrian, Soulages, Zao Wou-Ki, et les sculptures de Zadkine ou Brancusi. Une oeuvre de Paul Gauguin attire l’attention, qui est peut-être l’une des plus singulières du peintre. Réalisée en 1886 à Copenhague, cette « Nature morte à la tête de cheval » mêle influences grecques et citations empruntées au japonisme, à preuve la présence d’une poupée et des éventails japonais. Tout aussi étonnante est la manière pointilliste que Gauguin adopte ici alors qu’il considérait cette technique avec un mépris amusé. Pour un collectionneur japonais, c’est une toile qu’il ne fallait pas manquer !