Code du Travail Faut-il vraiment réformer la législation ? Entretien avec l’économiste Philippe Askenazy
Pour l’économiste Philippe Askenazy, le projet du gouvernement marginalise les syndicats, isole les salariés, et risque d’avoir peu d’effet sur le chômage. Mieux vaudrait, estime-t-il, investir dans la formation et lutter contre les discriminations
La réforme du marché du travail engagée par Emmanuel Macron et le gouvernement vous semble-t-elle cohérente? Le marché du travail français vit deux transformations profondes : une progression du nombre de travailleurs indépendants, qu’a accélérée l’introduction du régime d’autoentrepreneur en 2009; des carrières de moins en moins linéaires, tout particulièrement pour les nouvelles générations. L’équipe au pouvoir se fonde sur ces mutations, voire en exagère le caractère inéluctable, pour proposer une série de réformes que je considère d’une grande cohérence. L’idée centrale, c’est que chacun devrait être « l’entrepreneur de sa propre vie ». Cela se traduit par diverses déclinaisons : l’injonction à la mobilité ; l’encouragement à la construction de trajectoires personnelles ; l’élargissement de l’assurancechômage aux démissionnaires et aux indépendants ; la formation pour sortir du chômage… Dans ce nouveau paysage, l’Etat se propose d’être le garant