Les lundis de Delfeil de Ton – Les mots croisés
Où l’on voit le bien lutter contre le mal et qui va gagner, c’est le suspense
Mort de Simone Veil. Les quotidiens publient des photos de 1974, sous Giscard d’Estaing, lorsqu’elle est entrée au gouvernement Chirac. On est en juin. Elle a 46 ans, paraît jeunette dans sa tenue claire, déjà on comprend qu’elle ait plu. Chirac, lui, des ans, il en a 41. Il a fait d’elle son ministre de la Santé. Dynamisme, dynamisme. Conférence de presse pour mettre en selle la petite nouvelle. Ils sont assis derrière une table, côte à côte. La conférence va commencer. Il faut être détendu. Le ministre de la Santé porte une cigarette à ses lèvres et le chef du gouvernement lui o re du feu. Scène impensable aujourd’hui. Sont au pouvoir les empêcheurs en rond de se donner du plaisir. Vous savez quoi? Une autre photo. L’hiver est venu. Notre héroïne nationale est sur les marches de l’Elysée, sortant d’un conseil des ministres. Elle porte un superbe manteau de fourrure. Nous avons connu cette époque-là. On vous raconte.
Les traditions ne se perdent pas toutes. Le président du Consistoire israélite appelle aux dons pour la construction, à Paris, du futur Centre européen du Judaïsme. Le Consistoire a vu grand : 5 000 mètres carrés de surface sur un terrain qui en fait lui-même 1650. La synagogue, à l’intérieur, o rira 600 places. Dont 200 pour les femmes, est-il précisé. Lesquelles iront en mezzanine. Une question vient à l’esprit : si, un beau jour de fête, ce sont 400 femmes qui se présentent pour les 600 places et, disons, 200 hommes. Le Créateur ne veut pas que des femmes rejoignent les hommes au parterre, mais Il ne veut pas non plus que les hommes montent en mezzanine. Dans Sa sagesse, Il a voulu deux sexes mais Il ne facilite pas le placement.
Puisque nous parlons religion. Depuis plus de deux siècles, en Grande-Bretagne, clergé de l’Eglise anglicane et clergé de l’Eglise méthodiste ne se causaient pas,s’ anathématisaient dans les cas extrêmes. Puis voilà que les fidèles se sont faits rares. Les prêtres se font moins nombreux. Quand on a besoin d’eux, on ne les trouve pas toujours. Les brebis resteront-elles sans bergers? Synodes des deux Eglises de se rencontrer, et voici qu’une entente est sur le point d’aboutir à des partages de territoires, à des échanges de services. Vaut-il pas mieux, c’est un exemple, partir pour le Ciel avec la bénédiction d’un ecclésiastique, ne fût-il pas exactement le bon, plutôt que d’être laissé seul en face de Satan ? Ne fermons pas notre porte, après tout nous ne sommes pas des chiites abandonnés à des sunnites. Ni des sunnites livrés aux chiites. Lesquels sunnites et chiites gagneraient à y voir matière à réflexion mais, pour ça, il faudra sans doute que leur ferveur religieuse se dilue dans le siècle, à l’instar de celle des roumis. Prions pour eux, mes frères, prions.
Quoi? penseront les âmes craintives, sans religion inflexible le péché va envahir le monde. Crainte vaine. Une société, même la plus matérialiste, peut veiller à la vertu. Voyez la Chine où il est désormais interdit, sur les vidéos en ligne, de parler d’adultère ou d’homosexualité. Le Parti, et ses chefs éclairés, dressent un rempart devant ces spectacles qui appelleraient à d’autres bonheurs que l’enrichissement de tous et de chacun. Ne voit-on point, ici, en Occident, les fumeurs des deux sexes contraints de renoncer en public à leur vice? N’y voit-on point les femmes, d’ellesmêmes, renoncer à porter dans les rues leurs fourrures ? Pourtant, il y a quarante ans encore, on a vu plus haut… La Chine et ses pervers démocrates : Xi Jinping, à Hong-Kong, la semaine dernière, venu armer son pouvoir, a su les contenir derrière les nobles barrières de la dialectique et celles plus prosaïques, impossibles à franchir ni déplacer, contenant chacune, dans ses flancs en plastique, jusqu’à 2 tonnes d’eau, soit 2000 kilos.
Sont au pouvoir les empêcheurs en rond de se donner du plaisir.