CE QU’ELLE DISAIT D’EUX
En 2007, Simone Veil passait en revue les hommes politiques qu’elle avait croisés dans sa carrière. Féroce
DE GAULLE
« J’avais 13 ans quand j’ai entendu l’appel du 18-Juin. Quand j’ai rencontré le Général, tant d’années plus tard, alors que j’étais secrétaire générale du Conseil supérieur de la Magistrature, j’étais très impressionnée […]. On ne pouvait pas le comparer aux autres. Il était le Général. Je me souviens d’une réception à laquelle participaient des femmes de ministre. Certaines – ce devait être la mode ! – étaient venues… en short ! Ce regard du Général ! Il avait été très choqué ! »
MITTERRAND
« Je n’ai jamais eu confiance en lui. Il n’était pas crédible. Il a toujours joué un jeu de cache-cache. Au mieux, il a été équivoque. Il a toujours trompé les gens, même pendant la guerre. Vous ne me ferez jamais croire qu’il n’avait pas entendu parler du statut des juifs, alors qu’il était hébergé par des juifs dans le midi de la France. Je dirais, pour rester mesurée, qu’il a été particulièrement indifférent. […] En revanche, ce que j’admirais chez Mitterrand, c’était son verbe. Il était meilleur écrivain que président. »
GISCARD
« Il a un talent fou pour expliquer les choses les plus compliquées. Mais c’est un homme tellement préoccupé de luimême ! »
CHIRAC
« C’est tout à fait extraordinaire qu’il ait fallu attendre Jacques Chirac pour que soit reconnue la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs. […]
Pour lui, l’IVG était “une affaire de bonnes femmes”, elles s’étaient toujours “débrouillées, elles n’avaient qu’à continuer” ! Cela dit, dès lors que c’était devenu un engagement gouvernemental, il m’a beaucoup soutenue. »
BAYROU
« Il a été mon directeur de campagne pour les européennes de 1989. […] On m’avait prévenue qu’il me trahirait. Et c’était vrai. Il a lui-même choisi la photo la plus moche possible pour les affiches électorales ! Déjà, il était convaincu qu’il était touché par le doigt de Dieu et qu’il était évidemment prédestiné à devenir un jour président de la République. C’est un traître, sûrement, mais aussi un illuminé. »
SARKOZY
« Quand je l’ai rencontré la première fois, il était un tout jeune ministre du Budget […]. Il connaissait tous les chiffres mieux que tout le monde. Il me bluffait. […] Au cours des réunions de ministres à Matignon, on avait nos têtes de Turc. Il me balançait de petits coups de pied sous la table. Et on se détendait comme ça, face à la gravité de Balladur. »