Non sans Raison
LA BALLADE D’UN IDÉALISTE, PAR JEAN-PIERRE RAISON, LES ÉDITIONS DU NET, 256 P., 14 EUROS.
Les raisons de lire Raison ne manquent pas. Encore faut-il, pour accéder à ses récits et romans, surfer sur la Toile, chiner chez de petits éditeurs angevins ou les débusquer sous les pseudonymes (d’Henri Jaquelain à Elsa d’Horgevil) derrière lesquels il s’amuse à se cacher. Lui-même, dans ses moments de déprime, se juge « inconnu au bataillon » et se lamente de voir « sa production intellectuelle reléguée au magasin des scribouilleurs accessoires ». « La Ballade d’un idéaliste », un puzzle autobiographique, est la meilleure façon de faire connaissance avec Jean-Pierre Raison. Né en 1946 aux Herbiers, fils d’un négociant en grains, ce Vendéen pur bocage, autrement dit cet insoumis, a voué sa vie à la littérature, qui l’a mal payé en retour. Il n’empêche : l’auteur de « L’écriture est une drogue dure » n’a jamais baissé les bras. Utopiste obstiné, celui qui a été pompiste chez Unico, légionnaire au 5e RMP, attaché de direction chez Courrèges, localier à « Presse Océan » et qui a beaucoup guerroyé contre le fondateur du Puy-du-Fou, fait le compte, avec verve et humour, de toutes ses illusions perdues, qu’elles soient sentimentales, professionnelles, journalistiques, footballistiques ou éditoriales. Dans ce récit éclaté où le passage du temps s’e ectue en voiture (Dauphine, puis R12, puis ZX), Raison donne bien la mesure de son déraisonnable destin.