Leçon d’insolence
L’ENFANT, PAR JULES VALLÈS, FOLIO+COLLÈGE, 416 P., 2,90 EUROS.
La démagogie de l’Education nationale est sans limites. Elle recommande aux collégiens un livre dédié « à tous ceux qui crevèrent d’ennui au collège », ce qui doit faire du monde. C’est « l’Enfant », de Jules Vallès, ce grand monsieur condamné à mort par contumace parce qu’il avait participé à la Commune. Et voilà des décennies que ça dure, alors que ce livre de 1878 reste un chefd’oeuvre d’ironie et d’insoumission. Comment rendre leur sens initial aux mésaventures de Jacques Vingtras, ce malheureux que sa mère aime si fort qu’elle le rosse chaque page ? Comment faire sentir à des adolescents qu’après « l’Enfant » viendront « le Bachelier » et « l’Insurgé », qu’on étudie bizarrement beaucoup moins à l’école ? Réponse dans cette édition pas chère, étoffée par un dossier signé Françoise Spiess : repères biographiques, contexte, style, lexique, rapprochements avec Sartre, Sarraute et Annie Ernaux… rien ne manque pour apprendre à lire entre les lignes en se faisant plaisir. A noter : la collection Folio+Collège propose aussi des oeuvres de Molière, Maupassant, Hemingway ou Giono, sans oublier l’indépassable « Traité sur la tolérance » de Voltaire.