L'Obs

Un chez-soi sur-mesure

Face à l’évolution des styles de vie et au vieillisse­ment de la population, l’adaptabili­té du logement pour tous offre déjà des éléments de réponse... garantis sans explosion de budget! Explicatio­ns

- Par ELENA JEUDY-BALLINI

Qu’on se le dise : l’image de la famille classique formée d’un couple marié et de ses deux enfants est loin d’être un modèle unique ! Pour preuve, 11% des familles françaises sont recomposée­s. Si l’on ajoute à cela l’allongemen­t de l’espérance de vie et les effets de la crise économique, on se retrouve vite confronté à l’un des grands défis de l’avenir: l’adaptation de l’habitat à tous les changement­s de vie.

L’arrivée d’un petit dernier ? L’aîné qui joue les Tanguy? Le nouveau compagnon qui s’installe avec ses ados, une semaine sur deux? Autant de perspectiv­es qui peuvent donner des sueurs froides côté budget. Comment garantir l’adaptabili­té d’un logement sans se ruiner ? Les travaux menés depuis plusieurs années par les profession­nels du secteur apportent une seule réponse: le logement à géométrie variable, c’est-à-dire modulable à l’infini. Cloisons amovibles, ajout de modules en bois, extensions quand c’est envisageab­le… Car il doit être possible de modifier, d’agrandir son logement, sans travaux importants, en le réajustant au gré de ses besoins. Afin qu’un trois-pièces évolue facilement en F4 fonctionne­l, avec une optimisati­on des espaces sans sacrifier pour autant le confort.

L’idée a de quoi bouleverse­r sérieuseme­nt les projets immobilier­s. En effet, le logement cristallis­e à lui seul tous les scénarios de vie dans lesquels on se projette. Et l’acquisitio­n d’un bien interroge chacun sur son avenir: aurons-nous un enfant ? Plusieurs ? Aucun ? Aurons-nous besoin d’un bureau? D’une chambre d’amis ? Et si nos parents désirent vieillir à domicile, les hébergeron­s-nous, leur logement sera-t-il toujours adéquat? Lorsque l’habitat est conçu comme un lieu adaptable, il procure forcément un sentiment de sécurité, puisque tous les besoins sont satisfaits et l’imprévu... prévu! Chez les seniors, qui n’ont rien perdu de leur ténacité, ce n’est plus un secret: le phénomène du «nesting» touche une écrasante majorité, privilégia­nt le « chez-soi » à toute autre forme de lieu de vie.

Désormais, de nouveaux projets voient le jour avec la cohabitati­on comme maître mot. Loin d’être une idée neuve, elle est proposée à quelques habitants d’immeubles expériment­aux ou d’avantgarde, comme à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, avec la fameuse Maison des Babayagas. Inaugurée en 2012, cette résidence autogérée de 19 studios, dont les parties communes sont dédiées à la vie sociale et culturelle des résidentes de plus de 60 ans, a été imaginée par un collectif de femmes avec à sa tête Thérèse Clerc. « La vieillesse sera moins lourde à porter si nous sommes plusieurs dans la même situation », expliquait, à l’aube du projet, la célèbre militante féministe aux experts de Leroy Merlin Source.

Enfin, la cohabitati­on existe aussi à l’échelle d’un espace commun, qui permet de «connecter» deux logements, sans oublier l’habitat participat­if, en plein développem­ent, comme c’est le cas à la Sècherie de Nantes. Partout, il s’agit de permettre aux habitants d’améliorer leurs conditions de vie avec les autres, de renforcer des liens sociaux distendus par des décennies de course au «chacun pour soi ». Trouver le modus vivendi qui autorisera à vivre « ensemble, mais séparément ».

 ??  ?? L’HABITAT PARTICIPAT­IF, UNE CONCEPTION DU LOGEMENT EN PLEIN ESSOR (ICI, LA SÈCHERIE DE NANTES).
L’HABITAT PARTICIPAT­IF, UNE CONCEPTION DU LOGEMENT EN PLEIN ESSOR (ICI, LA SÈCHERIE DE NANTES).

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