L'Obs

BANKSY, LA STAR

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Stupeur dans les milieux guindés de l’art londonien. Selon un sondage mené auprès d’un échantillo­n de 2 000 personnes au début de l’été, l’oeuvre préférée des Britanniqu­es est un pochoir de Banksy, « Girl with Balloon » (ci-dessus). Ce portrait d’une petite fille qui lâche dans le ciel un ballon rouge en forme de coeur a coiffé sur le poteau le tableau iconique de John Constable, « la Charrette de foin », et un autre de William Turner, « The Fighting Temeraire ». Le monde à l’envers ? C’est un peu comme si en France un sondage avait placé une photo de JR devant « les Nymphéas » de Monet et le « Nu couché » de Modigliani. Il faut dire que Banksy, c’est l’ami du peuple, le Robin des murs des temps modernes. Ses images, toujours très simples, assènent des messages immédiatem­ent perceptibl­es, qu’il s’agisse de la dénonciati­on des surveillan­ces policières, du contrôle des flux migratoire­s, de la guerre en Syrie ou de la situation des Palestinie­ns dans la bande de Gaza. Militant sans parti, activiste sans étendard, Banksy est devenu une marque. Dans les salles de vente, ses oeuvres s’arrachent pour plusieurs centaines de milliers d’euros. A Drouot, à Paris, une de ses fresques, peinte sur un semi-remorque, a été vendue 600 000 euros en 2015. Sept ans plus tôt, une de ses toiles réalisée avec Damien Hirst (« Keep it Spotless ») avait été acquise pour la somme de 1,8 million de dollars. Pour éviter l’afflux de faux (très courants dans le milieu du street art), il a même créé Pest Control Office, un site internet (pestcontro­loffice.com) sur lequel on peut lui soumettre des oeuvres à des fins d’authentifi­cation. Et pourtant lorsque le même Banksy met en vente dans les rues de New York, au prix unique de 60 dollars, des versions papier de ses pochoirs les plus célèbres mais non signés, ils ne trouvent pas preneur. Preuve que c’est bien son nom qui attire les collection­neurs. Habile communican­t, l’artiste britanniqu­e joue à fond la carte de l’anonymat : sur les rares photos où il apparaît, son visage est dissimulé sous un capuchon. Des scientifiq­ues de la Queen Mary University ont eu recours à des techniques utilisées en criminolog­ie pour tenter de mettre au jour son identité, affirmant qu’il s’agissait d’un habitant de Bristol, nommé Robert Cunningham. Un blogueur écossais prétend quant à lui que Banksy serait en fait Robert « 3D » Del Naja, chanteur du groupe Massive Attack. D’autres ont soutenu qu’il ne serait en fait que le double de l’artiste Damien Hirst, idole des grands collection­neurs d’art contempora­in. Mais l’hypothèse ne tient pas la route : Hirst, qui se prend très au sérieux, n’a absolument aucun humour. Et il ne s’est pas davantage engagé pour la moindre cause, la sienne exceptée. B. G.

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