Le bêtisier de Chevillard
DÉFENSE DE PROSPER BROUILLON, PAR ÉRIC CHEVILLARD, ILLUSTRÉ PAR JEAN-FRANÇOIS MARTIN, ÉDITIONS NOIR SUR BLANC, 104 P., 14 EUROS.
Il était temps qu’un critique à la plume acérée se dévoue pour applaudir et décortiquer le talent monumental de Prosper Brouillon, épouvantable romancier à succès des « Gondoliers » et d’« Ecrire et tricoter, c’est pareil ». Heureusement, Eric Chevillard vint. Dans une pochade à la Botul, l’ex-feuilletonniste du « Monde des livres », ce champion olympique du persiflage, défie les envieux « bavards du boulevard Saint-Germain », file les métaphores jusqu’à l’absurde et chevillardise à merveille pour porter aux nues un génie capable d’écrire des choses comme : « On n’entendait pas siffler le passage du temps » ; « Le ciel est un torrent qui se jette dans l’amour de Dieu » ; ou encore « Une fille, ça s’ouvre et se referme : le problème est de trouver le bon mot de passe. » Toute ressemblance avec des auteurs réels n’est pas fortuite. Chevillard, au terme de son bêtisier, nous informe que « toutes les citations attribuées à Prosper Brouillon sont extraites […] d’une vingtaine de romans français publiés ces dernières années, ayant tous obtenu de beaux succès de vente ».