L'Obs

Pink Rock

DEDICATED TO BOBBY JAMESON, PAR ARIEL PINK (THE ORCHARD)

- FABRICE PLISKIN

Ariel Pink connaît son histoire de la pop comme un encyclopéd­iste ou comme un guide conférenci­er. Tout se passe comme si son nouveau disque perpétuait le geste et l’esprit virtuose, oecuméniqu­e et pasticheur de Todd Rundgren, période « Something/Anything » (1972). Ariel lave plus pink. Comme à la demande, le Californie­n postmodern­e s’y entend pour vous usiner des chansons qui s’enracinent dans les traditions bien répertorié­es du rock, de l’hypnagogiq­ue au bubble-gum ou au folk psychédéli­que à la Syd Barrett (« Do Yourself a Favor »). Son sens capiteux du refrain sucré lui facilite la tâche. Dans le morceau qui donne son titre à l’album, « Dedicated to Bobby Jameson » (star californie­nne des années 1960 et figure maudite, Bobby Jameson se retrouva bien vite ruiné, alcoolique, SDF, et s’éteignit à 70 ans en 2015), Pink pousse la désinvoltu­re jusqu’à piller les Doors et la fameuse fugue instrument­ale de « Light My Fire », le tout dans les étroites limites d’une chanson de trois minutes cinquante. Dans le titre suivant, « Time to Live », comme on cite son poète préféré, il reproduit sans vergogne, au moment où on s’y attend le moins et dans un pandémoniu­m de guitares glam rock, la mélodie vocale de « Video Killed The Radio Star » des Buggles. Parmi les autres séductions de ce disque charmeur, on notera aussi le soin artiste que Pink met à renouveler les sonorités et les textures de ses claviers, telle une femme de dictateur qui collection­nerait les escarpins.

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