On en parle
Yves Saint Laurent entre au musée
Après Paris, un second musée consacré à l’oeuvre du couturier sera inauguré le 19 octobre à Marrakech Par DORANE VIGNANDO
J’aimerais que dans cent ans, on étudie mes robes, mes dessins », se prenait à rêver Yves Saint Laurent dès 1982. Depuis, son compagnon de cinquante ans, Pierre Bergé, s’est employé à ce que les vêtements du créateur, au-delà des défilés couture et des mondanités, accèdent à la postérité. Sa fondation a oeuvré à conserver plus de 5000 vêtements, 15000 accessoires, 50 000 dessins et objets divers. Jusqu’à la reconnaissance culturelle suprême : l’ouverture de deux musées consacrés à l’héritage du couturier. Pierre Bergé, qui s’est éteint le 8 septembre, un mois avant l’inauguration, aura assisté aux derniers préparatifs.
D’abord à Paris, au 5 avenue Marceau, dans l’hôtel particulier où siégeait la maison de couture jusqu’en 2002. Ce musée est le premier d’une telle ampleur destiné à un couturier. Des « salons historiques » aux nouvelles salles contemporaines, les espaces plongent le visiteur dans un parcours rétrospectif tout en clair-obscur. « Yves Saint Laurent fut l’un des premiers à utiliser le vêtement pour dévoiler ce que l’on est et pas seulement ce que l’on montre », explique Aurélie Samuel, directrice des collections. On retrouve ses iconiques tailleurs-pantalons, smokings, sahariennes et combinaisons, mais aussi la cape Bougainvilliers ou la robe du soir Bambara en organza de soie et aux seins coniques. La visite se poursuit sous le feu des accessoires, bijoux, croquis originaux… Jusqu’au sanctuaire du maître, le studio, avec sa table de travail, ses livres d’art, fiches d’atelier, Polaroid et rouleaux de tissus, tous laissés en l’état, face au célèbre miroir à travers lequel Saint Laurent jugeait le tombé de ses silhouettes.
Silhouettes qui furent imaginées, à partir de 1967, non pas à Paris mais à Marrakech, où va être inauguré le 19 octobre un second musée Saint Laurent. Découverte par le couple en 1966, la ville ocre deviendra leur point de chute et terre d’inspirations : « C’est ici que Saint Laurent a découvert la couleur et l’orientalisme, les alliances de teintes et les foulards, les cafetans,