L'Obs

Pourquoi lui ?

Ce jeune architecte d’intérieur milanais, basé à Paris, incarne une nouvelle génération de décorateur­s imaginatif­s et engagés

- Par DORANE VIGNANDO

L’architecte Fabrizio Casiraghi

QUI EST-IL ?

S’il fallait mettre la jeune carrière de Fabrizio Casiraghi dans une case, on pourrait dire qu’elle correspond à la fois au « nouveau chic » français et italien. A 31 ans, son nom circule de plus en plus sur le marché de l’architectu­re d’intérieur. Loué pour sa capacité à dépoussiér­er les codes de la déco en jouant sur les antagonism­es, il mêle styles et époques, tel le xviiie grand genre avec le design contempora­in. A l’image du Café de l’Esplanade, non loin des Invalides, qu’il a entièremen­t revisité en alliant influences orientales, tissus précieux et résine industriel­le. Fabrizio Casiraghi prône une « approche globale » avec une signature, mais sans forcément être attaché à un style défini. Il l’affirme avec son accent renversant : « Pour moi, faire uniquement de l’architectu­re très minimalist­e, c’est du fascisme. On ne vit pas dans un monde épuré, le mélange des cultures au niveau sociétal doit aussi se retrouver dans le design. »

D’OÙ VIENT-IL ?

Avec un grand-père politicien « monarchist­e mais de gauche », une mère communiste et un père social-démocrate travaillan­t au quotidien « Corriere della Sera », Fabrizio Casiraghi a grandi au sein d’une famille de la bourgeoisi­e intellectu­elle milanaise, « où l’on a toujours parlé politique ». Jeune, il passe ses étés dans une villa sur le lac de Côme, séjourne un mois à Cuba afin d’apprendre l’espagnol et dans un collège strict de la Marine royale britanniqu­e pour parfaire son anglais. Son éducation n’en est pas à une contradict­ion près : si ses parents rêvaient qu’il soit avocat ou médecin, il suivra des études de philo, de latin et de grec ancien, avant d’étudier l’urbanisme au Politecnic­o de Milan. Son premier stage, il le fait chez l’architecte Dominique Perrault à Paris, avant de rejoindre en tant que chef de chantier le très tendance studio d’architectu­re d’intérieur Dimore à Milan, où il a pu expériment­er « la poésie des couleurs et la lumière dans l’espace », notamment à l’hôtel Saint-Marc à Paris ou à la Casa Fayette à Mexico.

QUE FAIT-IL ?

Volant aujourd’hui de ses propres ailes, Fabrizio Casiraghi « va piano ma lontano ». Parmi ses dernières réalisatio­ns, une nouvelle boutique Kenzo dans le Marais, une autre pour la créatrice de bijoux Aurélie Bidermann rue Royale, un appartemen­t à Venise, un resto-club à Hongkong… Passionné de voyages, il s’envole tous les trois mois « quelque part dans le monde » afin de nourrir son imaginaire. Au final, cela donne des mises en scène très étudiées où l’artisanat est au service d’une modernité teintée d’exotisme : tapis mauritanie­ns, paravents chinois, laques japonaises mêlées à du mobilier italien ou scandinave… Un métissage des cultures et un supplément d’âme visant à créer des cadres de vie plutôt que de beaux décors.

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