L'Obs

On rééduque bien les femmes

LA NATURE DES CHOSES, PAR CHARLOTTE WOOD, TRADUIT PAR SABINE PORTE, LE MASQUE, 288 P., 20,90 EUROS.

- AMANDINE SCHMITT

Mais comment sont-elles arrivées là ? Droguées et kidnappées, Yolanda et Verla se réveillent dans un baraquemen­t au fin fond de l’outback australien. Deux gardes peu commodes et une « infirmière » empotée leur rasent le crâne et les obligent à porter des robes d’un autre âge. La situation ne fait qu’empirer : sous les piaillemen­ts rauques des kookaburra­s, encerclées par une clôture électrique qui rend toute fuite impossible, elles et huit autres femmes sont menacées, blessées, insultées et soumises aux travaux forcés. Cela ressemble fort à de la rééducatio­n. Leur crime? Avoir été impliquées dans des scandales sexuels avec des hommes puissants. On les a appelées « la pute ambulante du ministre, la pétasse de Skype, la guenon du paquebot, la pouffiasse à partouzes attirée par le fric », etc. Pour avoir parlé, elles se sont rendues coupables de n’être pas restées dans les clous de la domination masculine. Dans la lignée de Margaret Atwood, l’Australien­ne Charlotte Wood (photo) livre une métaphore viscérale de la misogynie de nos sociétés, qui accusent les femmes des maux dont elles sont les victimes. « Comme si les filles, en vertu de la nature des choses, s’étaient fait cela toutes seules. »

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