Une ode pour Fukushima
KEIN LICHT, DE PHILIPPE MANOURY. OPÉRA-COMIQUE, PARIS-2E ; 08-25-01-01-23. JUSQU’AU 23 OCTOBRE.
Le 11 mars 2011, un tsunami ravage les côtes nippones et endommage la centrale nucléaire de Fukushima. Deux réacteurs entrent en fusion. « La terre tremble, mais pas de peur », chante une femme endeuillée, à la voix de contralto. Nous sommes dans la centrale ou peut-être ailleurs, dans un no man’s land post-nucléaire, sans lumière (kein Licht). Il y a des bruits étranges, conçus en live par les ordinateurs de l’Ircam avec Philippe Manoury aux manettes, il y a une partition classique du même compositeur jouée par un orchestre installé au fond de la scène. Il y a surtout deux comédiens époustouflants et des artistes lyriques qui tour à tour disent et chantent les textes qu’Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature en 2004, rédigea après la catastrophe. L’ensemble mis en scène par Nicolas Stemann est une sorte de performance agaçante et fascinante, boursouflée et délicate.