LA COMÈTE
Le neuvième volume de notre série en partenariat avec “le Monde” est en kiosques. Vous y découvrirez le plus flamboyant et romantique de nos mathématiciens
Si Cédric Villani est notre « Lady Gaga des maths », comme l’intéressé aime à le proclamer avec humour, Evariste Galois en est, lui, le Rimbaud. On ne saurait imaginer destin plus romanesque que le sien, trajectoire plus flamboyante. Il voit le jour en 1811, à Bourg-la-Reine, dans une famille cultivée d’enseignants, fervents partisans de la Révolution française et du bonapartisme. Eduqué par ses parents, il entre tardivement au lycée Louis-leGrand où il se révèle d’une étonnante précocité mais aussi d’un caractère des plus rebelles. C’est un enfant à l’esprit original, qui n’aime à étudier que ce qui lui plaît. Le régime sévère et redoutablement spartiate auquel sont soumis les élèves de l’établissement d’élite, avec une pléthore de punitions, l’insupporte. Cette têtebrûlée y est mal vue, au point qu’on veut lui imposer de redoubler sa classe de seconde ; son père s’y oppose.
C’est à ce moment que se dessine sa passion pour les mathématiques, lorsqu’il découvre les « Eléments de géométrie » de Legendre, qu’il dévore comme le plus palpitant des romans, selon ses condisciples, et sans que cela semble lui coûter le moindre effort. Il consacre tout son temps à la lecture des grands noms de son époque, Lagrange mais aussi Euler, Gauss, Jacobi… au grand désespoir de ses professeurs. L’un d’eux se désole ainsi que « la fureur des mathématiques le domine ». Un autre, pourtant, impressionné par les capacités de l’élève, conserve les copies de celui-ci et voudrait le voir entrer à Polytechnique, mais Evariste Galois est recalé deux fois. Il écrira de vives critiques sur l’enseignement des sciences.
Tout en s’engageant dans la lutte politique aux côtés des républicains, il commence à publier dans de prestigieuses revues, et l’un de ses mémoires est discuté à la très prestigieuse Académie des Sciences. Il meurt à 20 ans des suites d’un duel. Selon la légende, c’est la veille de celui-ci qu’il aurait rédigé les quelques dizaines de feuilles qui ont, bien plus tard, donné naissance à la théorie des groupes. Grâce à lui, l’algèbre est devenue une discipline moderne qui se consacre non seulement à la résolution d’équations mais aussi à l’étude de structures. Une approche qui se diffusera ensuite aux différentes branches des mathématiques.