Bandini bande encore
LA ROUTE DE LOS ANGELES, PAR JOHN FANTE, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR BRICE MATTHIEUSSENT, 10/18, 272 P., 7,10 EUROS.
Hâbleur, velléitaire et mégalo, et pourtant terriblement attachant : c’est Arturo Bandini, glorieux antihéros d’un cycle de quatre romans pétaradants et légendaires – « la Route de Los Angeles », « Bandini », « Demande à la poussière » et « Rêves de Bunker Hill » – qui reparaissent chez 10/18. A travers Bandini, c’est sa propre vie que n’a cessé de raconter John Fante, celle d’un fils d’immigrants italiens élevé à la pasta olio e aglio, qui a grandi dans l’Amérique des années 1920 et s’est très tôt rêvé écrivain. Bien que convaincu de son talent, Fante n’a pas immédiatement connu le succès. « La Route de Los Angeles » a même été refusé par tous les éditeurs en 1936. « Tout cela est peut-être trop corsé, c’està-dire manquant de “bon goût” », notait alors l’auteur. Oui, son roman est sacrément mal élevé et excessif, mais tellement vivant, drôle et délirant. Bandini jure comme un charretier, lit Nietzsche aux toilettes et des revues coquines dans un placard, travaille dans une conserverie de poisson, pue le maquereau, mais croit dur comme fer à son destin. Et c’est ainsi que Bandini est grand !