Assurance sur la mort
MISÉRABLES !, PAR MICHEL QUINT, PHÉBUS, 304 P., 19 EUROS.
Dans l’oeuvre prolifique de Michel Quint (trente-cinq livres), le Nord, sa région natale, occupe une place considérable. Le roman noir y trouve un cadre naturel. Calais, autrefois cité reine de la dentelle, draine désormais un impressionnant cortège de précaires et de migrants en quête d’ailleurs. C’est là que l’auteur situe une sordide affaire d’héritage entre une vieille dame et un jeune Rastignac. En 1981, Henriette Benson, riche châtelaine nonagénaire, souscrit une assurance-vie au profit du beau Freddy, son gardien, alors âgé de 20 ans. On la retrouve assassinée trois jours après. En 2016, Laurent Leprêtre, enquêteur pour une société d’assurances, est chargé de rechercher le bénéficiaire du pactole. A Calais, il rencontre Sonia, la petite-fille de la veuve. Tandis qu’il tisse avec elle une tendre relation, Laurent reconstitue l’histoire de Freddy dont le destin se scelle dans les vapeurs euphoriques de l’élection de Mitterrand. Et se brise dans une étrange tragédie. Le livre navigue entre ce drame oublié d’un transfuge social d’hier et les réalités des « misérables » de la jungle. Sur ces rêves évanouis, Michel Quint bâtit un récit ample, profond, métaphysique.