L'Obs

RANDO SENSATION SUR LE DOS DU DRAGON

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Dans l’ouest du Kwazulu-Natal, loin des tièdes rumeurs de l’océan Indien, le Drakensber­g – la « chaîne du dragon » en afrikaans – étire son échine dardée de crêtes et de pics sur plus de 250 kilomètres. Dans le parc national du Royal Natal, un sentier de randonnée grimpe après moult lacets sur le monstre assoupi à travers des billards de pelouses qu’on pourrait croire alpines si elles n’étaient fréquentée­s par des troupes de babouins. Au détour d’une corniche, surgit le spectacle dantesque de montagnes délitées et de murailles sauvages. Après avoir longé la clôture rouillée qui, jusqu’à la fin de l’apartheid marquait la frontière entre la province de Natal et le « homeland » du Kwazulu, le chemin s’arrête au pied de hautes falaises garnies de deux interminab­les échelles de métal. L’ascension dure à peine dix minutes et évite un long détour par des goulets encombrés de rochers. Seulement, cette grimpette aérienne laisse plus d’un visiteur pantelant. Au bout des barreaux, là-haut, c’est le Lesotho, le bien nommé « royaume dans le ciel ». Nul besoin de faire tamponner son passeport pour accéder à ce vaste plateau virgilien, émaillé de troupeaux de moutons et de chèvres angoras. De jeunes bergers basothos coiffés de bonnets à pompon comme pour une descente à ski tuent le temps, enroulés dans leur couverture de laine qui les garde au chaud comme au sec. Plus loin, le ruban argenté d’un cours d’eau conduit au bord d’un précipice vertigineu­x. Après quelques tortillons, la rivière Tukhela se décide enfin pour le grand plongeon : en cinq sauts successifs le long de la paroi, elle rejoint la plaine quelque 948 mètres plus bas et décroche au passage le titre des plus hautes chutes d’Afrique, sous l’oeil blasé des gypaètes barbus. L’endroit idéal pour planter sa tente.

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