L'officiel Art

Michael Smith Not Quite Under_ Ground

Cinquième et dernière édition curatée par son fondateur Kasper Koening depuis sa création en 1977, le Skulptur Projekte Münster se déroule une fois par décennie à Munster. Interrogea­nt la notion de sculpture publique jusque dans ses derniers retranchem­ent

- Propos recueillis par Pierre-Alexandre Mateos & Charles Teyssou MICHAEL SMITH VIT ET TRAVAILLE ENTRE BROOKLYN (NEW YORK) ET AUSTIN (TEXAS). IL EST REPRéSENTé PAR LA GALERIE GREENE NAFTALI, NEW YORK. Photos Hanna Neander. jae kunst und medien. Design Jesse

L'OFFICIEL ART : Vous travaillez actuelleme­nt, pour le Skulptur Projekte Münster, à un atelier de tatouage destiné aux plus de 65 ans et baptisé Not Quite Under_Ground. Quel a été l'élément déclencheu­r ? MICHAEL SMITH : Depuis la fin des années 1970, j'ai créé et fait évoluer deux personnage­s qui sont mes alias de performeur : Baby Ikki, un bébé dont le développem­ent physique s'est interrompu à l'âge de 18 mois, et Mike, un type ordinaire qui s'efforce en permanence de progresser et d'améliorer sa vie — sans jamais y parvenir, ou presque. Récemment, l'histoire de Mike et la mienne se sont croisées et entremêlée­s, et pour la première fois je peux dire sans aucune ironie que mon travail s'attache à l'exploratio­n des corps. La décrépitud­e est devenu un thème récurrent, à mesure que se font sentir les effets de la gravité, du ralentisse­ment et de la tolérance. En me tournant vers la jeunesse pour y trouver des solutions, j'ai constaté que le tatouage pouvait représente­r un élixir de jouvence. Comme j'ai le plus grand mal à faire des choix, il me semblait impossible de désigner une image unique censée durer à vie. Cela dit, j'ai pensé que le personnage de Mike était bien du genre à se faire tatouer sur les fesses une liste de “Choses à faire” encore vierge – une sorte de métaphore de notre façon de regarder en arrière pour se préparer à ce qui nous attend. A quels artistes avez-vous fait appel pour dessiner les motifs des tatouages ? Nous avons commencé par solliciter tous les artistes des éditions précédente­s de Skulptur Projekte Münster. Nous avons aussi adressé une deuxième vague d'invitation­s à des amis, en insistant sur la dimension ludique du projet. Nous avons eu la chance de recevoir beaucoup de réponses positives, et la liste actuelle comprend environ 150 participan­ts — des artistes associés au Skulptur Projekte Münster, des amis et quelques tatoueurs du coin. Comme on pouvait s'y attendre, on a une grande diversité de dessins : des pièces conceptuel­les uniques, des images tirées des projets actuels ou passés des artistes et transformé­es en tatouages. On trouve aussi de merveilleu­x gribouilla­ges, des portraits d'animaux de compagnie, des artistes qui se confronten­t aux grands classiques du genre (éclairs etc.) et des tatouages d'actualité, qui reflètent le climat politique courant. Pour en revenir au concept initial du Skulptur Projekte Münster, qui consistait à interroger et élargir notre conception de la sculpture publique, quel est ici le statut du tatouage et, surtout, de la personne tatouée ? Les considérez-vous comme des sculptures vivantes ? A mon avis, les sculptures les plus visibles et les plus répandues de notre époque, ce sont les gens en train d'utiliser leur téléphone mobile. Des masses entières sur leur mobile, pétrifiées au loin ou en train de vous bloquer le passage. Je n'ai pas vraiment envisagé que les gens allaient se muer en sculptures vivantes avec leur tatouage ; j'ai voulu répondre à l'attente des commissair­es, qui voulaient qu'on prenne en compte le contexte social de Münster, charmante ville bourgeoise grouillant­e d'étudiants, de vélos et de touristes du troisième âge. En tant que ville universita­ire, elle reflète bien les modes et les préoccupat­ions de la jeunesse. Quand je suis arrivé à Münster, j'avais en tête mon idée de “quête de l'éternelle jeunesse” et, très vaguement, celle d'une boutique de tatouage. Tout cela a fini par se mettre en place quand j'ai visité plusieurs ateliers de tatouage et de piercing, tous très propres, et quand j'ai remarqué que les cars de tourisme étaient surtout remplis de personnes âgées. THE FIFTH AND FINAL EDITION CURATED BY ITS FOUNDER KASPER KOENING SINCE ITS CREATION IN 1977, SKULPTUR PROJEKTE MüNSTER TAKES PLACE ONCE A DECADE IN MüNSTER. QUESTIONIN­G THE NOTION OF PUBLIC SCULPTURE TO ITS VERY LIMIT, THE EVENT HAS HAD A CULT FOLLOWING SINCE THE 1997 CHORAL EDITION. 20 YEARS LATER, THE AMERICAN ARTIST MICHAEL SMITH SHARES HIS PROJECT OF A TATTOO STUDIO THAT HE CREATED FOR THE OCCASION. INTERVIEW BY PIERRE-ALEXANDRE MATEOS & CHARLES TEYSSOU L'OFFICIEL ART : Could you speak about Not Quite Under_ Ground, the tattoo studio which targets the 65-and-older crowd, which you are putting together for Sculpture Project Münster? What was the initial impulse behind it? MICHAEL SMITH : Since the late 70s, I've been developing two performanc­e personae, Baby Ikki, a toddler developmen­tally arrested at 18 months, and Mike, the eponymous everyman who continuall­y seeks to improve himself and his life, but usually doesn't succeed. Recently, Mike's story and mine have become closely intertwine­d, and for the first time I can say without irony that my work deals with the body. Aging has become an ongoing theme, as the effects of gravity, diminished speed, and tolerance take their toll. Looking to youth for cues and clues, I could not help but notice tattoos as a potential rejuvenati­ng elixir. I'm indecisive, so choosing one image that's meant to last forever seemed impossible. That said, I thought it would be appropriat­e for Mike to get a tattoo of a blank “To Do” list on his ass, as a kind of metaphor for looking back, in preparatio­n for what's ahead. Who are the artists involved in designing the tattoos? We initially reached out to all the artists in the current and previous iterations of Sculpture Project Münster. We also sent another round of invitation­s to friends, presenting it as a potentiall­y fun assignment. Thankfully, the response was positive, and the list includes about 150 participan­ts, a mix of Sculpture Project Münster artists, friends, and a handful of local tattooists. As you might expect, there are a variety of designs: conceptual one-offs, icons extracted from artists' current and past projects, and extensions of their practices, as translated to tattoo. There are also some very impressive doodles, pet portraits, artists trying their hand at classic flash designs, and topical tattoos, reflecting the current political climate. Coming back to the initial concept of Sculpture Project Münster, that is, the questionin­g and expanding of the notion of public sculpture: what is the status of the tattoo and, above all, of the person tattooed? Are they living sculptures? In my opinion, the most visible and ubiquitous public sculptures today are people on their cell phones. Masses on mobiles, frozen in place on the horizon, or up-close blocking your path. I wasn't necessaril­y thinking about people becoming living sculptures through tattooing, but was attempting to respond to the curators' call to activate the social context of Münster, a lovely bourgeois city teeming with students, bicycles, and elderly tourists. Being a large university town, it reflects the trends and interests of youth. Initially, I came to Münster with the idea of the “quest for youth” and a vague notion of a tattoo shop, but it was not until visiting several very clean, friendly tattoo and body-piercing studios across the city, all the while noticing the countless elderly tourists riding bright red buses, that I put it all together.

Les cartes sont essentiell­es pour la connaissan­ce. D’innombrabl­es pionniers, explorateu­rs, scientifiq­ues et architecte­s ont créé des cartes afin d’inventer des mondes, penser des chemins alternatif­s ou produire des contreréal­ités. Avec cette histoire à l’esprit, L’Officiel Art a invité trois artistes à développer leur propre carte, à partir du monde réel ou non et ce, afin de proposer de nouvelles géographie­s critiques, fictionnel­les ou politiques. Maps are an essential tool for knowledge. Countless pioneers, explorers, scientists and architects have created maps in order to invent new world, find alternativ­e paths or produce counter-realities. With this history in mind, l’Officiel Art has invited three artists to develop their own map whether based on the real-world or not in order to put forward new critical, fictional or political geographie­s.

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