Capital
Une déesse pop et providentielle, une figure profane et un cartoon outré constituent la trame d'images de Julia Wachtel, enfant star de la Picture Generation et annonciatrice d'une ère de l'image indifférente, relative et paradoxalement hiérarchisée. Si apparemment toutes les images se valent, des constitutions historiques aux visages léchés de nos célébrités modernes, toutes ne peuvent prétendre à la même vitesse de circulation. Certaines images meurent, gisant dans les inconscients télématiques, d'autres avancent, rapides, ne rencontrent ni heurts ni obstacles et se délient avec le naturel des affluents épousant les mers. Le travail de Julia Wachtel ne montre pas autre chose. Il sectionne, isole et couronne une iconographie plate, métastase ultime de la culture 4chan. De formes transitives, il en sera aussi question avec Ari Benjamin Meyers qui déploie ses notes et ses ondes dans les arcanes immaculés des musées, dans les géo-ondulations de Matthew Lutz-Kinoy, entraînant la tradition japonaise Mingei et ses silhouettes opalescentes sous la moiteur de São Paulo, ou encore chez Max Hooper Schneider télescopant la pastorale dans des écosystèmes hantés et refroidis par la lumière de néons de casinos. A ces balancements s'ajoutent les itinéraires entre les trois événements artistiques majeurs de cette année 2017. Une bacchanale de l'art, un Grand Tour ou l'on se posera à la Biennale de Venise au rythme du studio phonique de Xavier Veilhan, à Athènes pour la documenta 14 et les architectures chimériques d'Andreas Angelidakis, et enfin sur les traces de Michael Smith à Münster, capitaine piqué de corps mûrs aux épidermes tatoués. Cerith Wyn Evans, Peter Fend et Hiwa K cartographieront le monde en en dessinant ses confluences, et ses espaces rêvés. Des errances fécondes, à l'image de la vie foisonnante de Jacqueline de Jong, passionaria enlevée qui, du situationnisme à la peinture hardie, aura traversé le siècle sans ports d'attaches mais un esprit de conquête dont on voudrait se réclamer.