LA TENDANCE
“Je suis allergique au beige sauf si
c’est un beige hystérique”, rapportait Loïc Prigent dans son installation “Entendu au Bon Marché”. L’auteur anonyme de cette punchline désormais culte avait-il anticipé ce qui se tramait dans les coulisses des tendances ? CAR SI L’ON DÉSIRE FLIRTER AVEC LES GRANDS esprits de la mode cette saison, c’est de beige qu’il faudra se vêtir. Longtemps victime de son classicisme jugé ennuyeux, cette teinte à la neutralité modeste réinvestit massivement LE VESTIAIRE MASCULIN ET CONFIRME SON STATUT de nouveau noir. Propulsé massivement par les créateurs dans leurs collections estivales, loin des déclinaisons BCBG auxquelles on l’avait injustement prédestiné, le voilà prêt à s’épanouir en marge des allées conservatrices du 7e arrondissement parisien. Porté en allover sur le podium fantaisiste DE GUCCI, IL BÉNÉFICIE DES FAVEURS DE STELLA MCCARTNEY QUI LUI INSUFFLE UN TWIST utilitaire. Chic chez Louis Vuitton, épuré chez Marni, oversize chez Dries Van Noten, cette couleur caméléon s’autorise toutes LES EXTRAVAGANCES, BIEN QU’AFFICHÉE EN monochrome, c’est surtout d’ennui qu’elle pourrait vous envelopper. Mais en jouant sur les camaïeux de teintes oscillant entre le sable et le taupe, il a acquis une dimension plus contemporaine, en totale osmose avec les envies de légèreté et d’élégance inhérentes à la saison. Il prend alors des airs de tenue d’explorateur qui s’accordera étonnamment bien au bronzage estival. Et, bien sûr, à l’écoute du classique mythique et contestataire Black, Brown and Beige signé par le mieux habillé des jazzmen, Duke Ellington.
Modèles Loup Masson-sériès chez Rock Men, Marc Lefort chez New Madison Grooming Charlotte Dubreuil Assistant photo Loc Boyle