ÉDITO
Crayons taillés, résolutions affinées ; pointus pour les premiers, floues pour les secondes : il faut aborder la rentrée léger. Il sera vite temps, bien assez tôt, d'être lesté de poids variés. Léger, donc, afin d'avoir la place pour cueillir, ici et là, des souvenirs, mémoriser de nouvelles expériences, appréhender des goûts inédits, accrocher des habits neufs sur des cintres à l'aise dans une penderie aérée. À trop s'encombrer, comment s'enrichir – c'est-à-dire offrir à sa vie de la variété ? Trop étreindre serait mal embrasser : on a raison de penser que les formules toutes faites se trompent toujours. Plus le regard court, vagabonde, plus il se gonfle d'idées inattendues. Trébucher, c'est aussi triompher d'un obstacle inédit. Il n'y a donc que d'excellentes raisons pour pratiquer ce libertinage mental. Pour randonner l'esprit libre, il est bon cependant de ne pas partir le nez au vent, tête de linotte (c'est un coup à ne pas voir une crevasse, déraper, s'écraser 500 mètres plus bas, bref, la chute idiote). S'armer d'instructions s'avère utile. Un magazine, à son rythme paisible, peut (doit ?) accompagner ainsi l'entrée dans une année neuve, proposer un agréable cursus, ludique, digressif, ménageant des points de vue sur un monde insoupçonnable, dégageant des perspectives sur des paysages essentiels et dérisoires – laissant au spectateur le soin de trancher, de garder par devers lui les leçons les plus agréables. Reprenant son souffle, ce trimestriel devient mensuel, ouvrant la fenêtre sur les airs du temps (qui enrhument parfois), et prenant le sien (de temps) pour visiter des étapes peu fréquentées, éclairer des zones d'ombre. Lampe torche, boussole, mappemonde, kit de survie, havresac pour explorer le vaste monde des styles, c'est ainsi que l'on ambitionne de façonner cet Officiel Hommes.