L'officiel

SANS RENDEZVOUS

- PAR FRÉDÉRIQUE DEDET

Alors que la marque Franck Provost fête ses 40 ans et que son groupe compte onze enseignes, rencontre avec un homme plein de bon sens qui

se veut coiffeur avant d’être businessma­n.

Ya-t-il des éléments majeurs qui ont suscité, dans votre jeunesse, l'envie de vous lancer dans la coiffure ? “J'avais 14 ans, je vivais avec ma famille, mes parents, mon frère et ma soeur, au Lude dans la Sarthe. J'avais le choix entre une école militaire ou un apprentiss­age, ma mère rentrait de chez son coiffeur, il y avait une place d'apprenti… Je ne peux pas dire que la coiffure m'ait tout de suite fasciné!” Quelles sont les étapes clefs qui, selon vous, ont lancé votre carrière ? “Mon père m'a dit, j'avais 18 ans, que si je voulais vraiment faire carrière dans la coiffure je devais monter à Paris. J'ai donc ouvert mon premier salon à Saint-germain-en-laye puis un second à Paris, avenue Franklin-roosevelt, où il est encore aujourd'hui.” Vous inaugurez votre premier salon en 1975, il y a tout juste quarante ans. Aviez-vous à l'époque l'intuition de vous lancer dans une telle aventure ? “Non mais je voulais que ça marche. J'ai repris une affaire proche du dépôt de bilan, instauré la journée continue – à l'époque de nombreux commerces fermaient encore à l'heure du déjeuner – et j'ai proposé de coiffer sans rendez-vous.” En quoi le “sans rendez-vous” a-t-il révolution­né les salons de coiffure ? “En tout. Le coiffeur est devenu rentable car les clients peuvent entrer sur un simple coup de tête…” Les célébrités s'arrachent très vite vos bons conseils. Quel a été l'élément déclencheu­r d'une telle émulation ? “J'ai ouvert un salon avenue Franklin-roosevelt car je savais qu'à Saint-germain-en-laye ni la presse (je faisais parfois des pubs dans Elle) ni les VIP ne se déplacerai­ent. Très vite Romy Schneider puis des gens de la télévision ont poussé ma porte…” Sharon Stone est une fidèle, comment vous êtes-vous rencontrés ? “C'est vraiment un heureux hasard. C'était au Festival de Cannes en 2005. Lors d'un dîner, ma fille Olivia propose mes services à l'agent de la belle Américaine qui, croyez-le ou non, n'avait pas de coiffeur booké pour le lendemain! Nous sommes devenus amis et sa fidélité nous honore. Aujourd'hui, lorsqu'elle est en France, c'est mon fils Fabien qui la coiffe.” Vous inaugurez votre académie de coiffure au début des années 2000. Quels grands principes transmette­z-vous à vos poulains ? “Nous avons la nécessité d'assurer la formation régulière de nos coiffeurs à nos techniques de coupes, de couleurs qui nous sont propres, et à installer une culture d'entreprise. Nous transmetto­ns un savoir-faire en constante évolution.” L'enseigne Franck Provost rassemble aujourd'hui plus de 700 salons répartis dans 30 pays. Provallian­ce, votre groupe, en compte 3 000. Quel sentiment cela vous inspire-t-il ? “J'ai dépassé le premier stade de la fierté. Je suis devenu spectateur et critique ! Quand j'arrive dans un salon Franck Provost, je vois tout de suite si ça va ou pas, l'ambiance d'un salon, c'est primordial. Le client entre chez nous pour se détendre, passer un bon moment et bien sûr ressortir bien coiffé.” Vos enfants, Fabien et Olivia, jouent un rôle fondamenta­l dans le développem­ent du label. Le succès est-il, selon vous, une affaire de famille ? “Absolument. J'ai la chance de travailler avec mes deux enfants, on s'entend très bien et nous pouvons vraiment nous faire confiance, c'est très confortabl­e.” Trois éléments qui fondent le style Franck Provost ? “La disponibil­ité, l'accueil et l'écoute. Bien sûr, la qualité de la prestation compte mais pour moi c'est le minimum.” Aujourd'hui, abordez-vous la coiffure de la même manière qu'il y a quarante ans ? “Je pense que oui. La clef est sans doute d'être animé par la passion et surtout pas par l'appât du gain.”

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