L'officiel

Voyage : le Four Seasons Hotel at the Surf Club, à Miami

Dernier spot en date, l'imposant Four Seasons Hotel at the Surf Club, installé sur le front de mer, ressuscite le club privé légendaire de la cité Art déco. Visite guidée.

- PAR EUGÉNIE ADDA

Il y a de tout à Miami, la nostalgie soft

pimp de l'ère Will Smith, l'exotisme accessible des Everglades, le rose pâle des buildings du quartier Art déco, les kilomètres de plage bordés par une skyline d'hôtels. Il y a des malls rutilants, des filles en rollers et la relève d'art Basel, de méchants hôtels en hommage à Marilyn, à la désuétude délicieuse, et des concept-stores avertis qui inspirent les acheteurs du monde entier. Mais surtout, surtout, il y a le Surf Club à Surfside, bulle d'exclusivit­é ouverte au réveillon 1930 par le magnat Harvey Firestone pour contrer la prohibitio­n à grandes lampées de rhum, dont la légende voulait qu'il arrivât directemen­t par bateau depuis Cuba. C'est ici précisémen­t, là où Liberace, Frank Sinatra et Elizabeth Taylor trinquaien­t avec Winston Churchill et la duchesse de Windsor, que vient de s'établir le nouveau fleuron du géant hôtelier Four Seasons. Colosse moderniste Si le bâtiment d'origine édifié par Russell T. Pancoast conserve sa fonction première de salle de réception, il a vu grandir derrière lui trois colosses moderniste­s signés par le Prix Pritzker Richard Meier, où l'acier blanc et le verre disparaiss­ent presque sous les rayons si particulie­rs du soleil de Floride. On est loin du resort ici, mais proche du boutiquehô­tel contempora­in aux références bien senties. Rien d'étonnant quand on sait que la déco des espaces communs et des 77 chambres a été confiée au Parisien Joseph Dirand, qui imprègne ces pièces pourtant flambant neuves d'une impression de déjà vécu : les lignes radicales des meubles sur mesure s'accordent avec une palette crème, sable et de bois blanchi, les surfaces polies contrasten­t avec des murs texturés à la manière de condos tout droit sortis des années 1950, le laiton des luminaires réchauffe les chambres immaculées et les salles de bains entièremen­t de marbre… On ne serait pas surpris de voir s'asseoir sur le balcon, face à la mer et un rien désoeuvré, un personnage d'edward Hopper. Baies vitrées du sol au plafond, jeux de reflets et balustrade­s en verre, tout ici tend vers l'atlantique. Et si les immensités turquoise semblant monter jusqu'à la suite penthouse vous paraissent trop lointaines encore, direction l'un des cinq Cabana Sudios,

appartemen­ts presque à fleur d'eau, pour vivre pieds nus entre le bois chauffé de la terrasse coloniale et la douceur lisse du sol terrazzo que rafraîchis­sent les ventilateu­rs du plafond.

Profiter des rituels beauté

Miami Beach oblige, l'eau ici ne doit jamais manquer. Le tout nouveau Four Seasons s'entoure de trois piscines rectangula­ires comme sorties d'un cliché de Slim Aarons, alignées face à la plage et bordées de bains de soleil minimalist­es, d'un bar et du fameux Cabana Row, vestige de l'ancien club privé où les A-listers avaient leurs habitudes et où Churchill peignait face à la mer. Raison de plus pour réserver un des nouveaux pied-à-terre qui s'y trouvent ou, à défaut, une des cabines climatisée­s avec salle de bains, pour se changer sans passer par sa chambre. De l'autre côté, une nouvelle plage privée avec une foule d'activités nautiques responsabl­es et non motorisées, une armée de grooms à l'affût du moindre caprice et bientôt un kids club mieux décoré que chez vous. Et le spa? Il vaut à lui seul de traverser l'atlantique : 1 400 m2 de marbre d'un blanc pur répartis en six cabines de soin complétées par deux cabanes privées entièremen­t vitrées, où profiter des rituels beauté signés Biologique Recherche, Elemental Herbology et Susanne Kaufmann, mais aussi de séances d'acupunctur­e, d'aromathera­pie et de massages neuromuscu­laires. Même les aménagemen­ts souvent sans charme comme le sauna, le hammam ou le crispant “coin repos” se trouvent magnifiés par la patte néo-classique de Dirand. Les grands sportifs profiteron­t d'une salle de fitness dernier cri et d'un coin de pelouse en plein air dédié aux cours de Yoga.

Passage à table

C'est dans le Surf Club d'origine, bâtiment années 1920, où la lumière filtre partout par les baies vitrées cintrées en enfilade, que se loge le Sirenuse, baptisé d'après le cultissime hôtel de Positano. Relecture Art déco de l'esprit amalfitain, l'endroit réunit palmiers d'intérieur, suspension­s, marbre vert et grandes nappes blanches. De quoi ne pas dépayser le gotha new-yorkais de passage en Floride. Aux fourneaux, rien de dépaysant non plus. On fait confiance à Antonio Mermolia, jeune Calabrais passé lui aussi par la Grosse Pomme, qui signe ici une carte de bons classiques du sud de la botte, revus à la sauce East Coast : parmigiana tradi, tagliata de wagyu, homard caponata ou encore baba napolitain s'enchaînent sous l'impulsion d'un service en livrée, à l'affabilité très Four Seasons. Pour trinquer face à la vue, on se perche sur l'un des tabourets du bar à champagne, zinc intimiste et rectangula­ire conçu par Dirand, où une brigade de bartenders s'active pour préparer des cocktails baptisés aux noms des figures du Surf Club : “Winston Churchill” au Dom Perignon, “Frank Sinatra” au Roederer Cristal brut ou encore “Liz Taylor” au Ruinart blanc de blanc. Un hommage de bon goût à ceux dont les fêtes légendaire­s hantent encore les lieux.

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