L'Écho de l'Armor et de l'Argoat
Les forêts de l’argoat dévastées
Guy Le Rest, agent de L’ONF (office national des forêts) bien connu en Argoat, venait de prendre ses fonctions à Belle-isle-en-terre et Loc-envel, lorsque l’ouragan a tout dévasté en Argoat.
« J’étais en voyage en Martinique (une région très touchée par les cyclones !) quand cela s’est produit, mais à mon retour j’ai constaté l’ampleur des dégâts. » C’est surtout dans la haute forêt de Beffou, à l’ouest de Belle-isle-en-terre, que les dégâts ont été les plus lourds. « 180 ha d’arbres étaient à terre, dont beaucoup de hêtres centenaires, sur environ 620 ha de forêt. » Soit environ un tiers du massif décimé.
60 000 mètres cubes de bois de ce domaine seront commercialisés après la tempête. L’ouragan a bouleversé les paysages et occasionné de lourds dommages mais « dans les bois gérés par L’ONF on a tout vendu, se souvient Guy Le Rest. A l’époque la filière bois était plus favorable qu’aujourd’hui, et notamment en ce qui concerne le hêtre. »
Des bûcherons en renfort
L’agent de l’office national des forêts se souvient de voir les trains de bois aller et venir pour évacuer les troncs couchés au sol. « Il y avait des dépôts dans les petites gares. A Callac, notamment, il y en avait un. Les coupes de bois ont été arrêtées à l’époque dans d’autres régions de France pour permettre d’écouler le stock breton en priorité. » Guy Le Rest se rappelle de voir arriver « des bûcherons et des débardeurs d’autres coins du pays pour donner un coup de main à la Bretagne ».
Dégager et replanter
Premier chantier : dégager les chemins et routes forestières afin de permettre l’exploitation. Les opérations vont s’étaler sur deux années environ. Puis procéder au reboisement. « Beaucoup de réunions, d’études de sols et du climat. Il a aussi fallu revoir le plan de gestion » et prévoir les financements. Pour Beffou, on conservera une prédominance des feuillus, avec des merisiers, frênes et charmes en sous-étage, ainsi que des résineux. Une grande partie de la forêt de Beffou, aujourd’hui, est donc constituée de ces peuplements d’il y a trente ans (53 % de la forêt a moins de 50 ans). « Nous en sommes à faire les premières coupes », détaille Guy Le Rest.
Dans la forêt voisine de Coatan-noz (moitié feuillus, moitié résineux), même si le vent a soufflé fort, les dégâts ont été moins importants qu’à Beffou en octobre 1987. On a constaté surtout un phénomène de clairières : « Il n’y a pas eu trop de préjudice sur l’équilibre de la forêt. Il est resté des vieux bois et on a préservé ce qu’on pouvait en laissant repousser naturellement », explique Guy Le Rest. Du côté de Saint-nicolas-du-pélem, le bois de Beaucours (63 hectares) n’a pas été épargné non plus : un employé communal passionné par la forêt avait prêté main à L’ONF pour gérer l’exploitation et le reboisement du massif.