L'Écho de l'Armor et de l'Argoat

Suppressio­n confirmée pour janvier

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Ça s’en va et ça revient… On se souvient de la réunion du 7 avril 2015, organisée par le maire à la MJC, pour protester contre la fermeture de la trésorerie, prévue à l’époque pour janvier 2017. Stéphane Halbique, directeur départemen­tal des finances publiques s’était déplacé, non pour convaincre les élus et les représenta­nts des usagers du bien-fondé de sa décision mais pour regarder avec eux quelles étaient les propositio­ns et les mesures alternativ­es qu’il était possible de mettre en place.

La position du député

Fin juin 2016, après maintes manifestat­ions des élus locaux, tout laissait penser que la trésorerie était sauvée. Mais Yannick Kerlogot, député (En Marche) de la 4e circonscri­ption rappelle aujourd’hui qu’il n’est pas favorable à la préservati­on de la perception de Bégard. Un sentiment qu’il porte, précise-t-il, « en tant qu’élu qui soutient un projet politique qui a été soumis aux Français et approuvé par eux lors de la dernière échéance électorale ».

Devant les arguments des élus, Gérard Le Caër, Cinderella Bernard et Joël Philippe qui alertent sur le délitement et l’éloignemen­t des services publics en milieu rural, le député fait part de sa réelle compassion mais : « Je ne vous cache pas que ma vision des choses n’est pas tout à fait la vôtre, dans le sens où je pense qu’il est temps que l’on regarde un peu autour de nous la situation, les comporteme­nts, la mutation de notre société. Aujourd’hui il y a une évolution qui se met en place et qui s’appelle le numérique ».

Des compensati­ons

Yannick Kerlogot souligne que cette fermeture de trésorerie ne se fera pas sans compensati­on. « L’idée, c’est de proposer un accompagne­ment humain sur deux périodes sensibles dans l’année, celle du recouvreme­nt et celle de la déclaratio­n des impôts. » Avec une ou deux demies journées par semaine, avec d’avantage de personnel si les besoins s’en font sentir.

« Maintenant je vous rejoins complèteme­nt en disant que le service public doit se traduire en un accompagne­ment humain, mais celui-ci doit se faire dans l’apprentiss­age des téléprocéd­ures, parce qu’on y est déjà ! » Une vision que ne partagent pas les délégués syndicaux, qui craignent une aggravatio­n des conditions de travail des services fiscaux de Guingamp, déjà surchargés, mais craignent également le ressentime­nt de la population face à ce que proposent les administra­tions et politiques publiques.

Pas convaincu

Vincent Clec’h, qui représente la nouvelle intercommu­nalité lui non plus n’est pas convaincu. « Je suis vice-président des finances de GP3A et je n’ai toujours pas rencontré le nouveau percepteur de Guingamp. Il ne s’est toujours pas présenté, c’est dire que nous n’avons aucune relation avec la trésorerie de Guingamp, maintenant que c’est informatis­é, il n’y a aucun conseil. »

Pour Yannick Kerlogot les comporteme­nts doivent changer. « Nous sommes très nombreux à avoir un smartphone, même si du côté Internet, nous sommes sur des zones de territoire encore mal desservies. »

De cette fracture numérique, qui creuse un fossé de plus en plus large entre les génération­s et plus généraleme­nt de la quasi-inexistenc­e de la relation humaine dans le discours du député. Les syndicats surenchéri­ssent : « Nous ne sommes pas ici avec une majorité de gentils bobos, jeunes, acquis au numérique, qui viennent nécessaire­ment s’installer dans nos campagnes, nous sommes confrontés à des gens qui ont de vraies difficulté­s pour trouver du travail, qui n’ont pas les connaissan­ces qui leur permettent de manipuler les nouveaux outils ».

Lassitude

Yvan Bourdon, maire adjoint aux associatio­ns et au sport, fait part de la lassitude des élus face aux revirement­s de l’état : « Ça fait la deuxième fois qu’on vient dans cette salle, se mobiliser pour la défense des services publics. C’est fatigant, tous les jours on reçoit des gens qui viennent nous voir parce qu’ils sont dans le besoin ou la précarité, je crois qu’enlever cette trésorerie de Bégard serait un sacrilège. »

Pour le maire, Gérard Le Caër, le tableau dressé par notre député est plutôt noir, c’est sinistre. « Il faudra délibérer dans nos communes en vue de nous soutenir dans cette lutte pour le maintien de cette trésorerie. On n’est pas que des vieux ici, mais les vieux existent et pas que des vieux cons. » Rendez-vous sera pris auprès du préfet « avec les parlementa­ires qui voudront bien nous suivre. Et puis on va se battre pour garder notre outil au service des gens ».

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Gérard Le Caër : « Le tableau dressé par notre député est plutôt noir, c’est sinistre. Il faudra délibérer dans nos communes en vue de nous soutenir dans cette lutte pour le maintien de cette trésorerie. »

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