La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

TOURISME : LE COLLECTION­IST, LE "AIRBNB DES RICHES", LEVE 10 MILLIONS DE DOLLARS

- SYLVAIN ROLLAND

La plateforme de locations saisonnièr­es de maisons de luxe lève 10 millions de dollars auprès du fonds de la famille Pinault, pour consolider sa position de "Airbnb des riches". La startup parisienne compte ouvrir une centaine de bureaux d'ici à 2020 partout dans le monde.

Quatre ans après sa création, Le Collection­ist accélère. Après une première levée de 2 millions d'euros fin 2015, la startup parisienne spécialisé­e dans les locations saisonnièr­es de propriétés de luxe, réussit une Série B de 10 millions de dollars (8.36 millions d'euros), avec l'ambition de s'affirmer comme le "Airbnb des riches" au niveau mondial.

Pour réussir cette délicate transition, Le Collection­ist, jusqu'alors pépite discrète de la French Tech, s'arrime à un spécialist­e du luxe, la famille Pinault, qui détient déjà, via le groupe Kering, les marques Gucci, Saint-Laurent ou encore Puma. Effectivem­ent, ce tour de table est mené par le tout nouveau fonds Red River West, que les Pinault ont lancé en juin dernier via leur holding familiale, Artémis, pour investir dans les startups françaises en quête d'internatio­nalisation. Les actionnair­es historique­s du Collection­ist, XAnge et Partech Ventures, remettent aussi au pot.

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26.000 EUROS EN MOYENNE LES 10 JOURS DE VACANCES GRAND LUXE

Le Collection­ist évolue dans une niche, celle de l'économie collaborat­ive pour les "1%", c'est-à-dire la frange des citoyens les plus fortunés. Le principe ? Des vacances sur-mesure, qui combinent le meilleur de l'hôtellerie de luxe classique (les services et prestation­s personnali­sées haut-degamme) et le charme de l'économie collaborat­ive, c'est-à-dire la tranquilli­té et le confort d'un véritable lieu de vie qu'on ne partage avec personne.

Mais à la différence du modèle Airbnb, les villas proposées sur Le Collection­ist ont toutes été soigneusem­ent sélectionn­ées par les "rabatteurs" de l'entreprise. Elles doivent afficher des prestation­s de grand luxe : piscine quasi-systématiq­ue, belle vue, plusieurs chambres, grands espaces et décoration soignée. Le catalogue se compose de près de 2.300 maisons, châteaux, manoirs, riads ou encore petites îles, réparties dans "une centaine" de destinatio­ns partout dans le monde.

Concrèteme­nt, les propriétai­res mettent leur bien sur la plateforme, qui prend une commission de 20% sur chaque location. Le montant moyen s'élève à 26.000 euros pour un séjour de dix nuits, soit 650 euros par jour pour une famille de quatre personnes. Le prix inclut les services "élémentair­es" comme le ménage, le jardinier ou le pisciniste, qui sont fournis par les loueurs. Les autres services (journée en bateau, cours de yoga, location d'un chef étoilé pour une soirée...) viennent pimenter l'addition et sont fournis par les prestatair­es locaux et indépendan­ts de la startup. De quoi récupérer en moyenne 4.000 euros de "services divers" par location.

Le Collection­ist est surtout prisé pour les vacances familiales de chefs d'entreprise, d'entreprene­urs à succès, d'artistes ou de banquiers dans la finance. Les exigences virent parfois à l'absurde, comme cette famille qui voulait qu'on lui installe un sapin de Noël de six mètres de haut, ou ces clients qui souhaitaie­nt bénéficier d'un atelier de massage en pleine nature. "Rien ou presque n'est hors limite, le client est totalement roi, ça fait partie du charme du luxe" indique Max Aniort, le directeur exécutif et co-fondateur de la startup avec ses amis Olivier Cahané et Eliott Cohen-Skalli, rencontrés sur les bancs de la prépa Henri IV.

UNE CENTAINE DE NOUVEAUX BUREAUX D'ICI À 2020

Avec un tel positionne­ment, Le Collection­ist se doit d'être tourné vers l'internatio­nal. 80% de ses clients sont étrangers, surtout provenant du Royaume-Uni, de Russie, des Etats-Unis et du MoyenOrien­t. En revanche, 60% des locations concernent la France, les riches prisant particuliè­rement les villas d'exception de la Côte d'Azur l'été, et des Alpes l'hiver. Ibiza et les îles grecques sont aussi particuliè­rement demandées, au point que la startup vient de finaliser le rachat de Bonder & Co, leader de la location saisonnièr­e avec services à Ibiza depuis onze ans. L'occasion, pour Max Aniort, de devenir le "label référent du luxe" sur cette destinatio­n, en renforçant sa présence sur place.

Signe que le numérique n'est pas forcément déconnecté de l'implantati­on physique, Le Collection­ist compte utiliser l'argent de la levée de fonds pour implanter des bureaux dans "une centaine d'endroits dans le monde" d'ici à 2020. Les Etats-Unis sont particuliè­rement dans le viseur, à la fois pour attirer les Américains fortunés en France et en Europe, et aussi pour développer, grâce à des prestatair­es sur place, de nouvelles destinatio­ns dans les endroits les plus chics du pays de l'Oncle Sam, comme Palm Springs (Californie), les Everglades (Floride), les collines de Los Angeles, les Hamptons (New York) ou encore la célèbre station de ski d'Aspen (Colorado).

"Se développer physiqueme­nt dans les endroits qui fonctionne­nt bien est indispensa­ble. Nos quinze bureaux en France, à Ibiza ou en Grèce nous ont permis d'augmenter énormément notre chiffre d'affaires sur place, car la proximité permet d'ajuster les services et de créer de la confiance", estime Max Aniort.

VERS L'HYPER-PERSONNALI­SATION AVEC DES ALGORITHME­S PRÉDICTIFS

L'autre axe de développem­ent du Collection­ist est technologi­que. "On veut basculer dans l'hyperperso­nnalisatio­n des recommanda­tions", affirme Max Aniort. Autrement dit : récolter davantage de données sur les clients, que ce soit en amont (via, notamment, l'analyse des données de LinkedIn, entre autres), pendant et après le séjour pour mieux valoriser les données clients que l'entreprise possède déjà.

Ainsi, les algorithme­s prédictifs de la startup ne vont pas orienter une famille avec deux enfants en bas-âge sur un séjour à Mykonos, une île très accidentée et prisée par les fêtards. Les expérience­s précédente­s des vacanciers seront aussi mieux utilisées afin d'affiner la propositio­n d'un nouveau voyage et proposer davantage de services payants... Les prestatair­es sont ainsi invités à indiquer sur le logiciel interne les goûts et les activités des vacanciers, "pour mieux comprendre les goûts et leurs besoins".

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