La députée Marie Tamarelle écoute le blues des maires ruraux
La députée de la 3e circonscription, Marie Tamarelle-Verhaeghe, poursuit ses réunions à la rencontre des élus du secteur. A Bernay, ils ont exprimé leur désabusement et leur lassitude.
La professionnelle de santé qu’est Marie Tamarelle-Verhaeghe continue de prendre le pouls des élus de sa circonscription. La députée LREM de la 3e a choisi de parcourir un territoire découpé en une dizaine de secteurs, pour rencontrer ceux qui font vivre les villes et les villages au quotidien. Après Broglie, le 29 janvier, elle était à Bernay, lundi 12 février.
« Ces rencontres sont précieuses, a-t-elle indiqué à la douzaine de maires présents dans la salle Jules-Ferry. Elles permettent de mieux appréhender ce qui vous préoccupe et ce qui fait vivre vos communes. Ce qui m’intéresse, ce sont vos attentes, vos déceptions ». En termes de maux, Marie Tamarelle-Verhaeghe n’a pas été déçue, faisant face, comme à Broglie, à des maires pour le moins désabusés voire - peutêtre - découragés. Ils ont longuement évoqué les difficultés liées à l’exercice de leurs fonctions. d’identité, c’est une erreur, on ne voit plus les gens ! Certains ne sont pas capables de faire une demande sur internet. On a le même problème pour les cartes grises, les passeports. La proximité n’existe plus. Le seul moment où les gens retrouvent le chemin de la mairie, c’est pour rouspéter ! »
Les élus regrettent que l’Etat ait retiré aux mairies nombre de démarches, « tout ce qui nous permettait de faire de la proximité et du lien social », pointe son collègue de Fontaine-l’Abbé, André Van Den Driessche. « Le maire d’il y a 40 ans n’est pas celui d’aujourd’hui. Actuellement, avec le même nombre d’habitants, on a les mêmes exigences qu’une commune de 2 ou 3 000 habitants. Je passe beaucoup plus de temps qu’avant à ma fonction. On nous a apporté beaucoup plus de contraintes à gérer. C’est pour ça que les communes se regroupent. Les élus vont se professionnaliser. Les gens comme nous vont disparaître.
Sur les activités communales, « on est face à une révolution, estime Lionel Prevost, le maire de Serquigny. On est à l’aube de quelque chose de nouveau au niveau de la démocratie locale. On fonctionne avec un logiciel ancien, mais on a un peu de mal avec ce qui est nouveau en Normandie. » La députée a abondé : « Si vous restez comme ça, vous allez vous user. Il faut penser plus large et avoir un projet plus ambitieux ».
De quoi « regonfler » des maires lassés ? Rien n’est moins sûr. « Ce n’est pas l’envie qui nous manque, c’est les moyens », confie Françoise Canu.
« Les élus doivent avoir un passé »
La réunion a évidemment été l’occasion d’échanger, avec la parlementaire, sur des sujets nationaux. La suppression - progressive - de la taxe d’habitation et la hausse de la Contribution Sociale Généralisée, par exemple. « En tant que retraitée, je perds 500 € par an avec la hausse de la CSG », fulmine Françoise Canu. « C’est une question récurrente. Elle sera compensée par la suppression de la taxe d’habitation. Il faut une solidarité nationale de la part des plus aisés, c’est normal », lui a répondu Marie Tamarelle-Verhaeghe.
Décidément en verve, Françoise Canu n’a pas caché son scepticisme sur le renouveau à la sauce Macron. « Quand on écoute son discours, on entend qu’il faut de la concertation alors que tout est déjà décidé. Je crains que les élus LREM suivent leur président comme un troupeau. Ils ne sont, pour beaucoup, pas du milieu, ils n’ont pas de passé, or je pense qu’il faut un passé », avance l’élue mennevalaise, une opinion que ne partagent pas tous ses collègues. La députée ne voit pas non plus les choses de la même façon : « Il faut différents parcours. En venant de la société civile, on n’a pas un manque de compétences, on a une compétence différente. Sommes-nous des députés godillots ? Sûrement pas ! On doit être solidaires des décisions du gouvernement, mais il existe aussi les amendements, et nous avons des discussions dans les groupes ».