QU’O N P A R L E !
Acceptons l ’ évidence. Nous sommes au bord de la collision. Nos enfants, ces moins de 30 ans que nous avons élevés à coups de doctrine Dolto et de produits préparés, que nous avons choyés et protégés, s’en prennent aux valeurs de notre monde : la consommation, le salariat, le taux de croissance. Et lassés d’attendre qu’on daigne leur laisser enfin (de) la place, ils construisent un espace nouveau.
Le monde a profondément changé, et nous refusons de le voir.
Le paquebot que le XXe siècle a laborieusement érigé est mis en péril par des milliers de petites voiles, qu’on s’offre encore le luxe de regarder de haut. Au travail salarié inaccessible, vécu comme un droit, les jeunes répondent liberté entrepreneuriale et accomplissement personnel.
À la croissance et à la consommation, symboles du bonheur individuel, les Y opposent écologie et responsabilité sociétale
et préfèrent l’usage à la propriété. Face à la liberté sexuelle, bastion de 1968, se dresse l’indignation contre le harcèlement de rue. À la solidarité distribuée par l’État, se substituent des communautés citoyennes et solidaires hors système. Le sujet Y, c’est l’entrée en collision, à l’échelle de la planète, de deux mondes qui ne sont pas bâtis sur les mêmes évidences. Va-t-on savoir éviter le choc ?
Les Y n’ont ni argent ni pouvoir, et pourtant ils comprennent l’avenir et disposent d’une force collective inédite.
Et les baby- boomeurs, qui tiennent encore les rênes, ne savent plus que faire, ni où aller. On peut continuer longtemps dans le désaveu mutuel ; on peut aussi décider de se parler, d’affronter ses propres affirmations, de se remettre en question. Nous avons relevé le défi de questionner nos réflexes, nos valeurs et les aspirations qui nous construisent, en profitant du lien qui nous unit, mère et fille.
Ceux qui gagneront dans vingt ans ne sont pas ceux qui savent, ni ceux qui peuvent, mais ceux qui essayent ensemble.
décidément, faut qu’on parle ! Oui,