Madame Figaro

À Cannes, on l’a vue dans le premier court-métrage de Sandrine Kiberlain. Aussi rare que précieuse, l’actrice était aussi en mission à Rome afin de promouvoir le cinéma français pour UniFrance. Rencontre.

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« MADAME FIGARO ». – Quelle relation entretenez-vous avec votre italianité ?

CHIARA MASTROIANN­I.

– Je ne me suis jamais posé la question, c’était une chose naturelle. Parfois les gens me renvoient à des clichés – je parle avec mes mains, j’aime manger, tout ça est complèteme­nt assumé. Ce qui est plus frustrant, en revanche, c’est de n’avoir qu’une perception partielle de ce pays : pour moi, l’Italie, c’était les vacances en Toscane quand j’étais enfant et les tournages de mon père à Rome, surtout les tournages d’ailleurs, car il détestait les vacances. Sur les plateaux de Cinecittà, il se sentait protégé, loin de la famille et des emmerdes, injoignabl­e : mon père n’a jamais eu de téléphone portable. Son truc, c’était les jetons de cabines téléphoniq­ues, il en trimballai­t des kilos dans des sacs. Les meilleurs moments que j’ai passés avec lui, c’était sur les plateaux. Ou, alors plus tard, à ne rien faire, dormir ou manger ; il me disait : « Viens, on va faire la sieste. »

Vous avez participé au tournage de « la Cité des femmes », de Federico Fellini...

Je traînais sur le plateau, ils ont dû avoir pitié, se dire « la petite, elle s’ennuie ». Il y avait une scène où des enfants faisaient des grimaces à mon père, Fellini m’a proposé de me joindre au groupe, mais comme il était très à cheval sur le respect dû aux parents, il m’a dit : « Tu ne dois pas faire de grimaces à ton père, c’est moi que tu regarderas. » Je n’ai vu le film que plus tard, j’étais gonflée de vanité, j’attendais ma scène qui, je l’ai découvert alors, avait été coupée au montage. C’est une métaphore et une bonne leçon pour une actrice : tant qu’on ne voit pas le film, on n’est jamais tout à fait sûre d’être à l’écran ! J’ai vécu une autre minihumili­ation du même genre dans « À nous deux ». Claude Lelouch, le réalisateu­r du film, m’avait permis de tenir la

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