ÉCHANGE de bons procédés
Lapremière exposition comme commissaire de Tatyana Franck, 32 ans, au musée de l’Élysée à Lausanne, dont elle est la jeune et brillante directrice, a valeur de manifeste. Ou comment faire coexister les riches collections de cette institution dédiée à la photographie avec la création contemporaine… Sa réponse, passionnante, confronte méthodiquement différentes techniques anciennes – daguerréotypes, ambrotypes, etc. – avec les oeuvres d’artistes d’aujourd’hui qui les reprennent ou les revisitent. Les cyanotypes d’Anna Atkins et de Paul Vionnet dialoguent, par exemple, avec ceux de Christian Marclay et de John Dugdale. Loris Gréaud s’est servi de l’intégralité du musée comme d’une gigantesque camera obscura pour en extraire les ombres et les lumières. Dans une jolie trouvaille, une superbe pièce holographique de James Turrell côtoie les portraits de deux prix Nobel de physique, Gabriel Lippmann (1908) et Dennis Gabor (1971). Dans la dernière section, Joan Fontcuberta dessine la première photo de l’histoire (de Nicéphore Niepce en 1826) avec des images collectées dans un logiciel, JR reproduit la « Femme aux cheveux longs » de Man Ray sur un mur de Vevey (photo), Idris Khan interprète le travail de Bernd et Hilla Becher et Oscar Muñoz sonde sa mémoire des images dans une captivante installation vidéo. Le futur en marche.
La Mémoire du futur. Dialogues photographiques, passé, présent, futur, jusqu’au 28 août, musée de l’Élysée, Lausanne. www.elysee.ch.