PRIX DE LA PHOTO MADAME FIGARO – ARLES 2016 Laia Abril, première lauréate
LAIA ABRIL, UNE JEUNE ESPAGNOLE DE 30 ANS, a remporté samedi 9 juillet le premier Prix de la Photo Madame Figaro – Arles 2016, qui récompense une femme photographe. Elle a été désignée, parmi dix nominées exposées dans les Rencontres d’Arles, par un jury prestigieux : Isabelle Huppert, Cédric Klapisch, Marc Lavoine, Peter Lindbergh, Caroline de Maigret, Kamel Mennour, Emmanuelle Seigner et Vanessa Seward. Elle reçoit une dotation de 5 000 euros et réalisera un projet dans les pages de « Madame Figaro ». Laia Abril a étudié le journalisme à Barcelone et la photographie à New York, ce n’est donc pas une surprise si l’on retrouve ces deux composantes dans son travail, toujours intense, qui aborde des sujets comme les travailleuses du sexe, les questions de genre ou la boulimie. À Arles, sa passionnante exposition, forte et inventive, se veut le premier volet d’une trilogie sur la misogynie. Elle y documente et conceptualise, avec une grande rigueur scientifique et pédagogique, l’avortement et les difficultés des femmes, dans certains pays, à y avoir recours sans mettre leur vie en danger… Mais aussi l’histoire de la contraception et des interruptions de grossesse, et l’évolution des Églises dans leur vision du sujet. « J’ai d’abord fait un énorme travail de recherche, dit-elle. J’ai aussi collecté des histoires de femmes qui ont été violées, qui ont pris des produits illégaux, qui sont en prison pour avoir eu recours à l’avortement. Mais j’ai également recherché des histoires de victimes collatérales, comme les médecins qui ont été assassinés pour avoir pratiqué des IVG, par exemple. » Sa recherche est également formelle et propose une installation très complète : des portraits de femmes et leur témoignage, des photos cliniques et explicatives d’instruments, une sculpture de cintres en fer, des archives sonores mises en scène, un mur d’annonces elliptiques de médecins que l’on devine à demi-clandestins, un fauteuil de gynécologue, des vidéos… On en ressort informés, la gorge serrée, impressionnés par la maturité de la jeune femme et par la profondeur de sa démarche.
Histoire de la misogynie, chapitre I : De l’avortement, de Laia Abril, jusqu’au 25 septembre, Les Rencontres d’Arles. www.rencontres-arles.com