Madame Figaro

GIRLS & GUNS

Reportage

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spécialist­e des États-Unis à l’Institut français de géopolitiq­ue. La politique américaine continue de se déchirer sur la question du contrôle des armes à feu. Après la fusillade d’Orlando dans un club le 12 juin dernier (50 morts et 53 blessés), celle de Dallas par un tireur isolé le 7 juillet (5 policiers tués), les deux candidats à la présidenti­elle se positionne­nt à nouveau. Hillary Clinton réaffirme que « les armes de guerre n’ont pas leur place dans nos rues » et souhaite renforcer la vérificati­on des antécéd e nt s d e s a c q u é r e u r s d ’ a r mes (notamment sur Internet et dans les foires). Donald Trump, pour sa part, s’accroche au droit des Américains à posséder une arme selon le deuxième amendement de la Constituti­on et reste opposé aux lois sur le contrôle des armes. Barack Obama sortira, lui, de ses deux mandats, sans avoir réussi à faire légiférer le Congrès sur la question. Avec une majorité républicai­ne, impossible de faire bouger les lignes dans cette direction, notamment parce que « la NRA inonde de millions de dollars les politicien­s lors des campagnes électorale­s, créant ainsi d’importants conflits d’intérêts » , précise la chercheuse Charlotte Recoquillo­n. À l’échelle locale, le Congrès texan, lui aussi à majorité républicai­ne, a même autorisé le port d’armes visibles, notamment sur les campus des

Leur arme favorite dans les bras, Kaitlyn (à gauche) et Carrin (à droite) prennent la pose dans leur salon. Ci-dessus, Niki Jones, la fondatrice du Sure Shots, observe la plus jeune membre du club qui s’apprête à tirer, guidée par son père. université­s. Dans l’un des États les plus équipés des États- Unis, l es conditions à remplir pour acheter une arme sont simples : avoir 21 ans, laisser ses empreintes digitales, recevoir quelques heures d’entraîneme­nt et payer une cotisation. Preuve de la banalisati­on de l’accès aux armes dans un État où porter un pistolet n’est pas seulement un droit mais aussi une fierté, il existe des tarifs sociaux et même la gratuité pour les militaires. UNE AMBIANCE QUI SE VEUT BON ENFANT Au Sure Shots, on revendique être un « social club » . « Une f amille » , avance Niki Jones. Régulièrem­ent, l es femmes partagent conseils et expérience­s relatives aux armes à feu dans une ambiance qui se veut bon enfant. L’une d’entre elles, Carrin Welch, rousse plantureus­e, possède plusieurs fusils d’assaut et des pistolets cachés dans un cagibi sécurisé de sa maison cossue de l a banlieue d ’ Aust i n . Un a r s e n a l q u i v a u t plusieurs milliers de dollars. Parmi eux, un MKA 1919 et un AR-15 qu’elle a surnommés Flo et Daria – comme le personnage de la série d’animation. Elle customise ses armes avec sa marque, Chickabomb. Les deux amies insistent sur le caractère apolitique de leur hobby. « J’ai des amis artistes anti-armes, d’autres pro ou très pro-armes. Je ne veux me fâcher a v e c p e r s o nne » , l â c he Carr i n Welch. À ses yeux, le tir est avant tout de l’adrénaline. « La première fois que j ’ ai tiré, j ’ ai ressenti une émotion intense, j’ai eu les larmes aux yeux », confie-t-elle. Son déclic, pourtant, est lié à une expérience traumatisa­nte. « Deux semaines après notre emménageme­nt à East Austin, il y a eu une fusillade en bas de chez nous. Quatre morts. Ça a été été un choc. »

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