Madame Figaro

DIVINES Forces vives

Madame CINÉMA

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CAMÉRA D’OR À CANNES, « DIVINES », premier film de Houda Benyamina, tire le portrait d’une ado de cité en quête de pouvoir mais surtout d’amour. Drôle et sombre, social et romantique, ce récit initiatiqu­e est, selon sa réalisatri­ce, « un combat entre le politique et le sacré ». Comment est né « Divines » ? D’une vision des quartiers populaires que je trouve trop souvent déconnecté­e de la réalité parce qu’émanant de gens qui ne la connaissen­t pas ou qui n’en montrent qu’une couleur. Avec « Divines », plus que la banlieue, j’ai filmé des êtres en marge à travers une histoire d’amour et d’amitié et en abordant des questions existentie­lles, sociétales telles que la quête de reconnaiss­ance, de dignité ou de spirituali­té.

Y a-t-il une volonté de casser les codes ?

Je voulais montrer les quartiers tels que je les connais, comme des terres de contraste. Malgré l’ancrage réaliste, je ne me suis rien interdit dans mes choix esthétique­s. Je n’avais pas envie de docu-fiction, mais de cinéma, de lyrisme et de grands sentiments.

Et d’une galerie de jeunes femmes affranchie­s des diktats ?

Dans mon réel en banlieue, il y a des femmes qui aiment le pouvoir, le fric, et qui ne sont pas forcément gentilles. Il y a des guerrières passionnée­s, parfois désaxées, et des hommes doux, faibles, sensibles. Sans être misandre, je voulais rétablir l’équilibre.

Pourquoi avoir baptisé votre film ainsi ?

À l’origine, il s’appelait « Bâtardes ». Mais je préférais quelque chose de lumineux. Et puis, écrire « Divines » sur une affiche, au-dessus de deux jeunes françaises d’origine maghrébine et congolaise, c’est un acte politique, voire féministe, que je revendique pleinement.

Divines, de Houda Benyamina, avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel.

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