Madame Figaro

SIMON LIBERATI Folies meurtrière­s

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LA JEUNE EMMA CLINE FAIT UN CARTON AVEC SON PREMIER ROMAN, « The Girls », où il est question de cette bande de filles mineures, droguées, paumées, qui furent le bras armé du gourou Charles Manson. Cette série d’assassinat­s qu’il commandita en Californie en août 1969, et notamment celui de la sublime Sharon Tate, première épouse de Roman Polanski, inspire aussi à Simon Liberati un puissant roman sur le déchaîneme­nt d’une violence aveugle et sauvage. Un hasard ? Peut-être pas tout à fait, puisque, hélas, la boucherie savamment orchestrée, laissant derrière elle le tableau le plus effrayant que l’homme puisse imaginer, est aujourd’hui dans l’air du temps. Toujours est-il qu’en faisant le récit d’un fait divers que tout le monde connaît Simon Liberati nous propulse non seulement au coeur de l’action d’une écriture précise (comme au scalpel), mais aussi dans leurs pensées de folie meurtrière. Un petit mec aussi lâche que magnétique, dont un seul regard suffit pour asseoir l’autorité, qui commande, sans jamais mettre la main à la pâte, à des exécutants recrutés pour leur égarement et leur faiblesse, lavés de tout libre arbitre et de toute personnali­té. Et tout cela pour commettre les pires atrocités au nom d’une cause que le leader est le seul à comprendre, avec cette idée d’appartenir à une « Famille » (ou à un « État ») où tuer ne compte pas, mourir ne compte pas… Terribleme­nt actuel. V. G.

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 ??  ?? California Girls, de Simon Liberati, éditions Grasset, 342 p., 20 €.
California Girls, de Simon Liberati, éditions Grasset, 342 p., 20 €.

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